Le Journal de Montreal

Travailler beaucoup pour acheter une maison ? Bravo !

Je le dis d’entrée de jeu, j’ai beaucoup de sympathie pour les jeunes ménages qui songent à accéder à la propriété dans ce marché de fou. Prix élevés, flambée des taux, les facteurs se combinent pour compliquer la tâche.

- Économiste, animateur et chroniqueu­r mario.dumont @quebecorme­dia.com

Il manque d’habitation­s. Trop de ménages se battent pour les mêmes unités, créant une pression démesurée sur les prix.

Je demeure convaincu qu’investir dans une propriété fait partie des excellents choix dans la vie. Plus on a la chance de commencer jeune, plus on aura l’opportunit­é de bâtir un patrimoine. Le patrimoine s’apprécie, vous permettant d’avoir plus tard accès à une meilleure propriété, de vivre plus aisément ou de laisser une valeur en héritage.

Parmi les options qui s’offrent pour améliorer sa capacité d’acquérir un condo ou une maison, une semble presque devenue taboue : travailler davantage. Des heures supplément­aires ou un deuxième boulot, pour récolter un revenu complément­aire.

QUALITÉ DE VIE

On dirait que dans une société qui valorise la qualité de vie, les temps libres et la détente au spa deux fois par semaine, travailler plus est un concept qui sonne vieux. Une idée dépassée. Un vestige sorti des fouilles archéologi­ques.

Ce n’est pas mon opinion. Travailler constitue un acte plus qu’honorable.

Un citoyen contribue à la société, à son économie et en retour il ramène à la maison une rétributio­n. Investir les revenus d’un deuxième emploi dans l’acquisitio­n d’une propriété représente un acte noble, courageux et... brillant.

Notre époque est dure pour les jeunes ménages, mais elle n’est pas la première. Il y a eu les guerres, les crises économique­s, les périodes de grande pauvreté. À toutes les époques, de jeunes gens ont mis les bouchées doubles pour se donner un élan dans la vie.

Une génération de jeunes hommes s’est expatriée à la Baie-James, au froid et au loin, pour accomplir un travail dur. Mais une bonne paye et presque nulle part où la dépenser. Deux ou trois ans de cet effort et plusieurs détenaient la mise de fonds pour leur première maison.

La Baie-James est un exemple. S’expatrier, cumuler les boulots, travailler de jour et de nuit ; allez parler aux plus vieux, ils ont des histoires à raconter sur le fait de mettre les bouchées doubles pour se partir dans la vie.

VRAIS TEMPS DURS

Des siècles auparavant, nos ancêtres arrivaient sur un lopin boisé où il fallait bâtir sa maison de ses mains. Et la ferme aussi, en plus de défricher la terre pour créer son emploi de survie. C’est grâce à ces bâtisseurs qu’il existe une vie confortabl­e aujourd’hui dans notre pays.

On ne veut pas revenir à cette misère, mais se le rappeler un peu remet les choses en perspectiv­e. Travailler ne fait pas mourir !

Le Journal racontait en fin de semaine l’histoire de Yan et Alexandra : quatre emplois pour accumuler leur mise de fonds !

Certains y voient des gens bizarres. D’autres y voient une époque déréglée.

Moi je leur dis juste « bravo » ! Soyez fiers !

 ?? ??
 ?? De quoi être fiers. ?? Yan et Alexandra ont cumulé quatre emplois pour acquérir une propriété.
De quoi être fiers. Yan et Alexandra ont cumulé quatre emplois pour acquérir une propriété.

Newspapers in French

Newspapers from Canada