Le Journal de Montreal

Le PLQ en mode thérapie occupation­nelle

Au lendemain de son budget, le gouverneme­nt Legault cherche encore sa boussole. Les libéraux, eux, se mettent en mode thérapie occupation­nelle. Étrange, mais vrai.

- Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique josee.legault@quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Le Parti libéral du Québec repart à nouveau en tournée de consultati­on. Selon La Presse,

« la commission politique présidée par l’ex-sénateur André Pratte lance une offensive pour préciser les positions politiques défendues par les libéraux ».

Le PLQ va donc créer quatre groupes de travail, dont les thèmes seront le développem­ent économique, l’éducation, l’améliorati­on des services publics et l’affirmatio­n du Québec au sein du Canada. Un peu plus et on dirait un copier-coller de la feuille de route de la CAQ...

La vraie question est pourquoi donc cette énième séance de remue-méninges intensif ? Tout d’abord pour occuper ses propres troupes.

CORSET POLITIQUE

Il faut dire que le Parti libéral du Québec est toujours sans grosse pointure à l’horizon pour son éventuelle course à la chefferie. Sauf pour Denis Coderre, bien sûr.

Or, manque de chance pour lui et les libéraux, de toute évidence, ils sont nombreux à ne pas en vouloir comme futur chef.

D’où le corset politique que ces mêmes quatre groupes de travail vont lui tricoter très, très serré. Juste au cas où il remportera­it quand même la chefferie.

Sur le plan des idées, le rapport final qui coiffera lesdits travaux attachera en effet les mains du prochain chef derrière son dos. Ce qui, pour un parti orphelin de chef et en pleine traversée du désert, est un exercice extrêmemen­t périlleux.

Ce corset politique visera d’ailleurs entre autres choses à tenter de décourager ce même Denis Coderre de continuer à appuyer le recours à la clause dérogatoir­e par la CAQ pour sa Loi sur la laïcité de l’État.

Cette position de Denis Coderre est carrément rejetée par le PLQ lui-même. Ce qui n’est pas un détail.

S’il fallait que son prochain chef approuve ce recours à la clause dérogatoir­e, le PLQ risquerait même de perdre une partie de son électorat anglophone et allophone qui, sûrement, le bouderait aux élections de 2026.

PAS LE CHOIX LE PLUS SAGE

Une autre raison expliquant cette nouvelle séance de thérapie occupation­nelle est le 7 % d’appuis qu’il reste à peine au PLQ chez les francophon­es.

Se tourner les pouces en attendant un Messie risquerait de les faire fondre encore plus.

Il n’en reste pas moins que le choix du PLQ de remettre sa course à la chefferie aussi loin que 2025, soit à un an seulement des élections, n’était pas le plus sage.

De laisser aussi longtemps un parti en lambeaux exister en plus sans chef permanent laisse ses troupes perdues dans l’espace politique.

Au lieu d’en refaire un acteur visible, cette longue période d’attente réduit le PLQ au statut peu enviable de spectateur de la scène politique.

Obligé d’assister impuissant à la lutte à deux qui, pour le moment, se dessine entre la CAQ de François Legault et le Parti Québécois de Paul St-Pierre Plamondon.

Et plus le temps passera, moins le PLQ y trouvera sa place. À moins, bien sûr, que par miracle, il réussisse à se dénicher une nouvelle cheffe ou un nouveau chef d’envergure.

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Vouloir comme futur chef. Manque de chance pour Denis Coderre, les libéraux seraient nombreux à ne pas en

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