Le Journal de Montreal

Comment mettre un terme à l’emprise d’une mère ?

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

J’avais 13 ans et mon frère 11, quand notre père est décédé. Ma mère qui avait toujours été dépendante affective de son mari a dirigé sa dépendance vers moi malgré mon jeune âge.

Peu à peu au fil des ans, je suis devenue la mère de ma mère, au point où il m’était devenu impossible de faire ma propre vie sans être obligée de lui donner l’ordre de me laisser tranquille, ce que je me suis toujours sentie incapable de faire.

Jusqu’à ce que j’atteigne la maturité, elle m’a laissé étudier à ma guise, et mes bonnes notes m’auraient prédisposé­es à faire de longues études. Mais comme ma mère ne s’était jamais résignée à retourner sur le marché du travail après la mort de mon père puisqu’elle avait peur de tout, que ses finances étaient plus que serrées vu le peu d’argent que mon père avait accumulé avant son décès, elle m’a demandé d’aller travailler dès la fin de mon DEP.

Mon frère, plus indépendan­t que moi par nature, a vite compris que s’il voulait faire sa vie sans être dépendant des volontés de notre mère, il devait quitter la maison le plus vite possible après ses 18 ans. Ce qu’il a fait sans états d’âme, alors que moi je me sentais pleinement responsabl­e de cette femme-enfant comme on les appelait à l’époque.

Ce qui fait que je n’ai jamais été capable de mettre mon pied à terre pour me faire reconnaîtr­e par ma mère, le droit de vivre ma vie selon mes envies. Et je me retrouve à 60 ans avec peu d’économies, vu mon petit salaire et la part de ma paye que je lui ai toujours refilée pour boucler son budget.

Aucun homme susceptibl­e de faire sa vie avec moi n’a trouvé grâce à ses yeux, ce qui fait que j’ai décidé de mettre une croix là-dessus pour me retrouver à prendre encore soin d’elle, qui me manipule encore comme une marionnett­e rendue à 90 ans. Certains jours plus difficiles, j’aurais envie de me péter la tête sur le mur quand mon frère me dit que c’est ma mollesse qui m’a menée là où je suis. Comment la rendre consciente qu’elle a ruiné ma vie pour qu’elle me sacre patience ?

Une fille au bout du rouleau

Le jeu de la dépendance se joue à deux. Tant et aussi longtemps que vous ne déciderez pas que vous méritez le respect, votre mère va continuer à abuser de vous. Votre frère a malheureus­ement raison. Mais serez-vous jamais capable de mettre enfin votre pied à terre rendue à votre âge, quand vous n’avez jamais été capable de le faire ?

La lucidité par rapport au sort de la planète est source d’action

Depuis quelques années, on entend juste des mauvaises nouvelles sur le climat et le mauvais état de la planète. Comme si tout ce qui a été fait avant par le monde était uniquement mauvais. Je n’ai jamais fumé, jamais eu de char, jamais jeté mon manger aux vidanges, ni trop dépensé pour m’habiller. Rendue à 65 ans, ça me tape sur les nerfs de me faire dire que je dois séparer mes vidanges et composter pour stopper la pollution. Comment faire pour échapper à cet esclavage quand on a une petite maudite de 20 ans comme voisine qui tchèque nos poubelles comme si elle détenait la vérité ? Comme tout le monde, j’ai fait mon possible pour mener une bonne vie, alors arrêtez de me rendre responsabl­e du réchauffem­ent.

Une citoyenne comme les autres

Pour donner toute sa valeur à votre signature, et compte tenu que votre petite voisine a raison de veiller au grain pour convaincre les récalcitra­nts d’agir, vous devriez vous y mettre au lieu de regimber.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada