Le Journal de Montreal

La police dans une banque alimentair­e prise d’assaut

La crise économique frappe davantage de citoyens au bord du désespoir

- CLARA LOISEAU

La police doit désormais venir à la rescousse des organismes qui distribuen­t des paniers alimentair­es, car des centaines de personnes affamées font la file pour s’arracher les denrées insuffisan­tes pour eux.

« Des gens nous ont agressés physiqueme­nt, plusieurs fois nous avons eu besoin de l’aide de la police ou de la sécurité pour nous encadrer. Ça montre à quel point il y a une insécurité alimentair­e », affirme Rose Ngo Ndjel, directrice générale de l’organisme Afrique au féminin.

Comme elle, Nancy Dion, coordonnat­rice de l’organisme Cuisine et vie collective­s Saint-Roch, constate que de plus en plus personnes sont prêtes à tout pour obtenir de la nourriture.

« Ce sont des gens affamés, très pauvres et ils veulent nous demander à manger », raconte Nancy Dion, coordonnat­rice de l’organisme Cuisine et vie collective­s Saint-Roch, qui oeuvre depuis 30 ans.

DE 90 À 500 PANIERS

Avant la pandémie, Afrique au féminin préparait environ 80 à 90 paniers de denrées par semaine. Aujourd’hui, c’est plus de 450 chaque mardi.

« Il y a trois semaines, on avait encore une centaine de personnes qui faisaient la file devant l’aréna. On ne pouvait pas donner à tout le monde », déplore la directrice générale.

Elle dit payer 4000 $ par mois pour ajouter des fruits et légumes dans les paniers.

La situation à Cuisine et vie collective­s Saint-Roch était similaire lundi quand près de 500 personnes, dont 300 n’étaient pas membres de l’organisme, se sont présentées au local. La plupart étaient des personnes allophones, souvent sans permis de travail et logement décent.

Les bousculade­s et le nombre de personnes étaient tels que Mme Dion n’a pas eu le choix de demander l’aide de la police pour éviter que le « chaos » s’aggrave.

« Ce sont des gens qui ont besoin de nourriture pour survivre souvent pour les six premiers mois à leur arrivée au Canada », ajoute Mme Dion, qui rappelle que Parc-Extension est le quartier le plus pauvre du Canada.

Mais si la demande augmente alors que la population grimpe dans le quartier, le financemen­t, lui, ne suit pas, déplorent Rose Ngo Ndjel et Nancy Dion.

« On déploie tous les efforts que l’on peut, mais nous sommes limités. On pourrait faire tellement plus si le budget nous le permettait », affirme Mme Dion.

Outre le manque de financemen­t, le problème réside aussi dans le fait que les demandeurs d’asile doivent attendre 21 mois avant d’obtenir un permis de travail au Canada.

« Ces gens ne peuvent pas travailler pendant deux ans, mais ils ont une famille à nourrir », dénonce-t-elle.

L’événement a attiré l’oeil des politicien­s qui ont pris contact avec l’organisme.

« On veut que l’aide soit plus stable et pas seulement quand c’est dans l’urgence. On a de belles aides, mais il faut que ce soit plus », demande Mme Dion.

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 ?? PHOTOS AGENCE QMI, JOËL LEMAY ET TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK CUISINE ET VIE COLLECTIVE­S SAINT-ROCH ?? Nancy Dion et Gloria Fernandez, de l’organisme Cuisine et vie collective­s Saint-Roch, à Montréal, ont dû appeler la police lundi pour rétablir l’ordre après des bousculade­s pour obtenir un panier d’aliments (photo du bas).
PHOTOS AGENCE QMI, JOËL LEMAY ET TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK CUISINE ET VIE COLLECTIVE­S SAINT-ROCH Nancy Dion et Gloria Fernandez, de l’organisme Cuisine et vie collective­s Saint-Roch, à Montréal, ont dû appeler la police lundi pour rétablir l’ordre après des bousculade­s pour obtenir un panier d’aliments (photo du bas).

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