Des avocats débordés par les questions de logement
La clinique gratuite de conseil Juripop observe une hausse de la demande
Des avocats qui répondent ce moisci gratuitement aux questions des passants dans le métro de Montréal sont particulièrement débordés par les enjeux liés au logement.
« La crise du logement, c’est aussi une crise d’accès à la justice », a résumé la directrice générale de Juripop, Me Sophie Gagnon.
Le tiers des consultations juridiques qui ont lieu à la station Place-des-Arts, tous les jeudis après-midi du mois de mars, concerne actuellement des questions liées au logement, une forte hausse par rapport aux années précédentes.
Les gens qui s’y présentent peuvent obtenir gratuitement les conseils d’un avocat ou d’un notaire, pendant 15 minutes, sur toutes sortes de sujets juridiques.
C’est notamment le cas de Nicole Jobin, qui s’est arrêtée à la clinique alors qu’elle se trouvait par hasard dans le secteur.
La résidente du secteur Pointe-auxTrembles, qui habite dans le même condo depuis 27 ans, s’est sentie « désarmée » lorsqu’elle a appris que ses frais de copropriété étaient passés de 180 à 245 dollars par mois l’automne dernier, sans qu’elle en soit avertie. Elle doit depuis des dizaines de dollars en frais de retard.
« Ça me rend nerveuse, j’aimerais avoir une réponse », a-t-elle mentionné, quelques minutes avant d’entrer dans un cubicule où un avocat pourra la conseiller.
ÉMOTIFS COMME POUR LA FAMILLE
Lors de la clinique hier, l’avocat chez Juripop Alexandre Grancoin-Vinet n’a reçu que des questions liées au logement.
« C’est la grosse période de renouvellement des baux. Les gens ne savent pas quoi ou comment répondre aux avis », a-t-il expliqué.
Me Grancoin-Vinet a pu remarquer que les conflits liés au logement sont aussi émotifs que ceux en droit de la famille, son principal domaine de pratique.
« Les gens arrivent tout autant démunis, tout autant perdus, confus, choqués. [...]
Même s’ils ne sont pas propriétaires, leur appartement c’est leur petit lieu à eux, a-t-il illustré. Quand c’est menacé, ça cause ces émotions totalement justifiées. »
CONSULTATIONS VARIÉES
Bon an mal an, 500 personnes reçoivent des avis juridiques lors de ces cliniques. Et les visages sont variés : des étudiants et des personnes âgées, tout comme des immigrants ou des personnes sans domicile fixe.
« Ce sont des gens qui tombent entre les mailles du filet social et du réseau communautaire et qui ne vont pas nécessairement connaître les ressources qui sont là à longueur d’année », a noté Me Gagnon.
La directrice générale de Juripop a observé une hausse marquée du nombre de consultations offertes aux nouveaux arrivants, certains étant au Québec depuis une semaine seulement. Ils ont notamment des questions sur leur statut d’immigration, le droit du travail ou de la famille.
« Ils sont confrontés aux mêmes problèmes que nous », a résumé Me André Phan, le coordonnateur de la clinique.