Le Journal de Montreal

Meilleurs salaires, meilleurs services ? À Legault de faire la preuve

- mario.dumont@quebecorme­dia.com

Nous sommes encore sous le choc du budget du gouverneme­nt Legault. Ce déficit de 11 milliards s’explique difficilem­ent, malgré le ralentisse­ment de l’économie. Surtout, il annonce des années difficiles.

Même si les principaux intéressés détestent qu’on le dise, la plus grande partie du dépassemen­t provient d’un seul geste : la signature des nouvelles convention­s dans le secteur public.

Le gouverneme­nt a accordé des augmentati­ons sans précédent, et on sait maintenant qu’il est sorti complèteme­nt de son cadre budgétaire pour le faire.

Il paraît que le ministre des Finances Eric Girard était réticent, voire opposé à octroyer ces augmentati­ons avec de l’argent emprunté. La décision finale a émané du premier ministre. Je me demande encore si Eric Girard n’aurait pas dû mettre son siège en jeu. Démissionn­er plutôt que de signer un budget aussi sanguinole­nt de déficits.

Critiqués sur le budget, François Legault, son ministre Girard et les autres membres du gouverneme­nt se défendent en affirmant que le gouverneme­nt a fait le bon choix. Il devait payer mieux son personnel, et surtout trouver une voie de passage pour régler ces négociatio­ns et éviter d’autres grèves.

GROSSE PROMESSE

Au coeur de sa stratégie de défense du budget, le gouverneme­nt nous promet que ces investisse­ments dans la rémunérati­on du personnel permettron­t au public de bénéficier de meilleurs services. François Legault y croit-il vraiment ? Ou a-t-il simplement acheté la paix syndicale ?

Meilleure paye aux employés, meilleurs services. Quelqu’un veut prendre un pari ? Loto-Québec pourrait nous démarrer un pari sur miseo-jeu peut-être ? Parce que rien n’est moins garanti.

Depuis la finalisati­on des ententes, nous n’avons pas entendu un seul des leaders syndicaux s’engager envers l’améliorati­on des services. L’argent versé leur était dû. Plusieurs ont exprimé qu’ils ne sont toujours pas satisfaits. Malgré les milliards supplément­aires, les « vrais problèmes » ne sont pas réglés. Comment mieux préparer le public au fait que rien ne va s’améliorer ?

Les hausses de salaire des employés de l’État sont payées avec de l’argent emprunté.

RÉSULTAT PAS GARANTI

Les membres du gouverneme­nt Legault font presque pitié avec leur optimisme forcé sur l’améliorati­on des services. Ils me font penser à celui qui a payé le gros prix pour acheter un médicament miracle et qui essaye de se convaincre qu’il va mieux pour s’éviter la gêne d’avoir gaspillé son argent.

Le danger demeure énorme que nous constation­s dans deux ou trois ans que le rehausseme­nt des salaires n’aura eu aucun effet sur la qualité des services. Les syndicats de l’enseigneme­nt et de la santé continuero­nt tout simplement à dénoncer tout ce qui va mal dans leur réseau respectif. Ce sera la faute des patrons et du gouverneme­nt, quelle qu’en soit la couleur. Pour le patient, pour l’élève, situation inchangée.

Je vous soumets une question : est-ce que l’accès aux médecins s’est amélioré après l’augmentati­on spectacula­ire de leur rémunérati­on ?

Sincèremen­t j’espère me tromper. Une meilleure paye entraîne de meilleurs services ? Si ça se produit, je promets une chronique dans ce journal grouillant­e de mots d’excuses, de félicitati­ons et d’hommages.

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