Le Journal de Montreal

UN IMMORTEL DES SAGUENÉENS

David Desharnais verra son chandail retiré ce soir, au Centre Georges-Vézina

- Kevin.dube@quebecorme­dia.com

Le 7 juin 2003, les Saguenéens de Chicoutimi jetaient leur dévolu sur un certain Romy Elayoubi au quatrième rang au total du repêchage de la LHJMQ. Si cette sélection devait s’avérer un moment décisif pour l’organisati­on, c’est plutôt le choix suivant qui aura marqué l’histoire de la concession et la soirée de ce soir en sera la preuve, puisque les Sags retireront le chandail numéro 15 de celui qu’ils avaient sélectionn­é en début de deuxième ronde, cette année-là, David Desharnais.

En quatre saisons avec les Sags, Desharnais a récolté 374 points en 262 parties de saison régulière ainsi que 43 points en 48 matchs en séries éliminatoi­res. Il a ensuite connu une carrière de 524 matchs dans la LNH suivie de plus de 200 matchs en Europe, dans la KHL et en Suisse.

Un véritable coup de maître des Sags puisqu’avec du recul, Desharnais aura été l’un des cinq meilleurs joueurs de cette cuvée avec Sidney Crosby, Guillaume Latendress­e, Derick Brassard et Kristopher Letang.

Le principal intéressé peine encore à réaliser que, bientôt, son maillot flottera à tout jamais dans les hauteurs du domicile des Sags. Mais il se rappelle chacun des moments passés dans la LHJMQ.

« Ça va tellement vite, le junior. Tu te bats du début à la fin et, quand tu commences à être confortabl­e, c’est terminé et il faut que tu partes vers un autre défi. Mais je me souviens de chaque épisode, contrairem­ent à chez les profession­nels où mes souvenirs sont plus flous. Là-bas, tu te bats pour ta vie, pour ton salaire et ta place tandis que, dans le junior, tu es avec tes amis, tu vas à l’école, tu voyages en autobus et tu n’es pas encore en compétitio­n l’un contre l’autre », a-t-il confié au Journal dans les derniers jours.

UN CHOIX PAYANT

Jérôme Mésonéro ne regrette assurément pas d’avoir jeté son dévolu sur Desharnais avec le 20e choix au total du repêchage de 2003, alors qu’il oeuvrait en tant que dépisteur-chef des Saguenéens de Chicoutimi.

Celui qui a amorcé sa carrière dans le hockey en tant qu’entraîneur midget dans la région de Lotbinière s’était rapidement familiaris­é avec « le petit Desharnais au casque rouge » alors qu’il évoluait dans les rangs atome et qu’il jouait souvent avant son équipe.

Puis, une fois avec les Commandeur­s de Lévis au niveau midget AAA, ce préjugé favorable a été confirmé par le dépisteur Claude Poulin, attitré à la région de Québec pour le compte des Sags à cette époque.

« Ça va tellement vite, le junior. Tu te bats du début à la fin et, quand tu commences à être confortabl­e, c’est terminé et il faut que tu partes vers un autre défi. »

– David Desharnais

«À chaque semaine, Claude me disait : “Desharnais a quelque chose de spécial.” Les recruteurs ont l’habitude de quitter quelques minutes avant la fin d’un match, question d’éviter les embouteill­ages dans le stationnem­ent, mais Claude me disait : “il ne me laisse jamais partir. Le match n’est jamais terminé quand il est là” », se rappelle Mésonéro, qui oeuvre maintenant comme dépisteur pour l’Avalanche du Colorado.

De son côté, Desharnais confie qu’il s’attendait à être repêché en quatrième ou cinquième ronde, en 2003.

Mésonéro confirme qu’il ne se serait jamais rendu là puisque les Sags, notamment, l’avaient en très haute estime.

DES DÉBUTS DIFFICILES

Desharnais était ensuite arrivé au camp d’entraîneme­nt avec de grandes attentes placées en lui. On voyait en lui un joueur ayant le potentiel de devenir l’un des meneurs offensifs de l’équipe à long terme.

Après s’être taillé une place avec l’équipe, il n’avait pas connu les débuts escomptés totalisant 11 points, dont quatre buts, à ses 28 premiers matchs. C’est alors que s’est amené un certain Richard Martel, en remplaceme­nt de l’entraîneur-chef René Matte, congédié.

« Quand je suis arrivé à Chicoutimi, tout le monde me disait que j’avais un joyau entre les mains, raconte le député conservate­ur. Pourtant, il n’avait pas les chiffres pour le prouver. J’avais dirigé Alexandre Blais à Baie-Comeau, qui avait joué avec David dans le midget, mais qui avait été repêché en cinquième ronde et il avait le double de ses points. J’étais mêlé. »

Desharnais se souvient bien de la suite. « Il avait passé chacun des joueurs un après l’autre et rendu à mon tour, il m’avait dit : “tu as combien de buts, toi ? Et Blais, lui ? [il en comptait 14, contre 4 pour Desharnais]”. »

Les choses avaient ensuite débloqué pour Desharnais à qui Martel avait donné les occasions de mettre son talent en avant-plan, le réunissant à Maxime Boisclair et Stanislav Lascek. Il avait finalement terminé la saison avec 40 points à ses 42 dernières parties.

« À partir de ce moment-là, les Sags n’ont plus été la même équipe. À 17 ans, il était notre moteur offensif et comme entraîneur, tu sais que tu vas avoir toute une formation pendant trois ans. Un joueur comme David, ça rend un entraîneur meilleur », ajoute Martel.

DES DÉFAITES CRÈVE-COEUR

Menés par Desharnais, ainsi que Boisclair, Lascek et Marek Zagrapan, entre autres, les Sags termineron­t au quatrième

rang de la LHJMQ en 2004-2005. La saison suivante, ils se hisseront en troisième position, à égalité avec les Remparts de Québec et à un seul point des Wildcats de Moncton et du tout premier rang.

Mais, les deux fois, leur parcours s’est arrêté abruptemen­t en séries.

« La première fois, on a perdu contre Sidney Crosby et Rimouski et l’année d’après, on était supposé tout gagner mais on avait perdu contre Gatineau qui avait Claude Giroux et David Krejci. Avec du recul, on n’a pas perdu contre des deux de piques ! », mentionne le nouvel immortel des Sags.

La cérémonie du retrait de chandail aura lieu ce soir, avant le match face aux Remparts de Québec.

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 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? 1. Huit recrues s’étaient taillé un poste avec les Saguenéens de Chicoutimi, en 2003. Dans l’ordre, de gauche à droite, David Desharnais, Travis Coles, Stanislav Lascek, Brent McSween, Romy Elayoubi, Francis Verreault-Paul, René George, et Alexandre Vincent (à l’avant). 2. Le joueur de centre a disputé quatre saisons à Chicoutimi. 3. Kristopher Letang et Desharnais, repêchés la même année dans la LHJMQ, se font l’accolade après un match entre les Foreurs et les Saguenéens. 4. Le prolifique attaquant a marqué 126 buts en 262 matchs dans l’uniforme bleu et blanc. 1 2 4 3
PHOTOS D’ARCHIVES 1. Huit recrues s’étaient taillé un poste avec les Saguenéens de Chicoutimi, en 2003. Dans l’ordre, de gauche à droite, David Desharnais, Travis Coles, Stanislav Lascek, Brent McSween, Romy Elayoubi, Francis Verreault-Paul, René George, et Alexandre Vincent (à l’avant). 2. Le joueur de centre a disputé quatre saisons à Chicoutimi. 3. Kristopher Letang et Desharnais, repêchés la même année dans la LHJMQ, se font l’accolade après un match entre les Foreurs et les Saguenéens. 4. Le prolifique attaquant a marqué 126 buts en 262 matchs dans l’uniforme bleu et blanc. 1 2 4 3
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PHOTO STEVENS LEBLANC Les Saguenéens de Chicoutimi retireront le chandail numéro 15 de David Desharnais ce soir avant le match contre les Remparts de Québec au Centre Georges-Vézina.

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