L’impossible réduction des dépenses sous Legault
François Legault compte lancer un examen de toutes les dépenses publiques pour serrer la ceinture et sortir du gouffre financier dans lequel il a plongé le Québec. Le problème est que, contrairement à ce que la CAQ annonçait avant d’être élue en 2018, elle a continué à gonfler la taille de l’État.
La CAQ est arrivée au pouvoir en bénéficiant des coffres remplis laissés derrière par Carlos Leitao et Philippe Couillard.
Il y a eu la pandémie et, comme le soulignait le ministre Eric Girard, la « plus grande récession depuis la Deuxième Guerre mondiale » qui a suivi.
Tout de même, le Québec est passé d’un pactole de 7 G$ au plus grand déficit en dollars absolus, qui s’élève à11G$.
C’est une dure claque à l’orgueil pour un gouvernement de comptables et de « dealmakers ».
Les deux éléments les plus cauchemardesques sont les suivants :
– Le grand argentier Girard avait prévu un déficit presque trois fois moins élevé à 3 G$ pour 2024-2025 ;
– Même dans sa planification plutôt optimiste, il reste un déficit structurel de 4 milliards qu’il devra éliminer, on ne sait comment, d’ici 2030.
COUPER OÙ ?
Les documents présentés mardi font état d’une commande passée aux sociétés d’État pour récupérer 1 G$ d’ici 5 ans.
Bonne chance à Hydro-Québec, dont les dirigeants ont expliqué récemment qu’ils auront besoin d’ajouter 35 000 travailleurs qualifiés pour créer 9000 mégawatts supplémentaires d’ici 2035.
Québec annonce aussi un examen des dépenses de ses ministères et organismes, ainsi qu’une révision du régime d’imposition et des taxes à la consommation.
Eric Girard s’est toutefois engagé à ne pas hausser les impôts ni la TVQ, ce qui équivaudrait à un suicide politique avant la prochaine élection.
Il faudrait donc couper dans le gras.
On l’a entendu quelques fois dans l’histoire récente, celle-là, notamment dans les espoirs vains de réingénierie libérale de 2003.
La même ritournelle.
Pourtant, il faut compter maintenant 78 000 équivalents temps complet dans la fonction publique, et 493 000 travailleurs avec les réseaux de la santé et de l’éducation.
Pour se rafraîchir la mémoire, pensons aux ajouts qui se multiplient encore :
– Commissaire à la langue française ;
– Protecteur national de l’élève ; – Protecteur de l’intégrité en loisir et sport ;
– Institut d’excellence en éducation ;
– Connectivité Québec.
Il y a aussi les nouvelles agences. Pour Christian Dubé, la réforme passe par Santé Québec.
ET ÇA CONTINUE
Geneviève Guilbault s’apprête à lancer aussi une agence pour la réalisation des projets d’envergure en transport.
Il faudra 50 à 60 employés pour cette seule entité, dont des experts en transport collectif et des ingénieurs embauchés à l’externe.
Ce n’est pas que tout cela est farfelu. La protection des enfants, par exemple, c’est essentiel.
Mais comment se fait-il qu’il ne soit pas possible d’assurer les services de base avec l’énorme machine qui existe déjà ?
Questionnée sur la possibilité de couper le nombre de fonctionnaires, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a eu cette réponse honnête mardi, confirmant que dans les faits, il y aura au contraire encore une augmentation : « On doit limiter la croissance d’effectifs ».
Il faut donc être réaliste.
Les économies de l’État, on n’y croit pas trop fort.
Quoi qu’il en soit, messieurs Legault et Girard souriaient à pleines dents pour la prise de photo précédant le dépôt du budget au trou noir de 11 G$.
François Legault était tellement satisfait des réponses de son argentier qui faisait face à un barrage de questions de l’opposition mercredi au Salon bleu qu’il n’a pu s’empêcher de lui adresser une note parfaite à la fin de l’exercice.
« Dix sur 10… ou comme diraient les joueurs de hockey, 110 % », a lancé le PM à son ministre des Finances, sans flairer que le hockey lui avait porté malheur en 2023.