Coupable d’avoir évalué une patiente en photo
Le plasticien n’a pas offert d’autre option que la liposuccion
Un chirurgien plasticien de Montréal a plaidé coupable d’avoir évalué une patiente en photo plutôt qu’en personne en prévision d’une liposuccion et de ne pas lui avoir fait part des options possibles hormis la chirurgie.
Le Dr Daniel Saragea Guberman a reconnu sa culpabilité à quatre chefs d’infractions devant le Collège des médecins du Québec (CMQ), hier.
Le 4 novembre 2019, le médecin spécialiste a procédé à une liposuccion sur une patiente, dont l’identité est protégée, à la Clinique Médico Esthétique du Vieux-Longueuil. Or, ce n’est que le matin de la chirurgie, faite au privé, qu’il a rencontré la femme et procédé à un diagnostic.
Cette dernière, qui était « très mince » selon un résumé des faits déposé en preuve, avait été évaluée deux mois plus tôt à la clinique, mais par une infirmière. Selon l’avocate du Dr Guberman, cette façon de faire était exigée par la direction de la clinique.
« Elle a pris des photos de la patiente et les a transmises au docteur pour prendre position sur l’indication de l’intervention à subir », a résumé l’avocat du syndic du CMQ, Alex Vandal-Milette.
Pourtant, les médecins sont tenus de rencontrer un patient avant de procéder à l’évaluation.
DES REGRETS
« Cette façon de faire divergeait beaucoup avec ma pratique esthétique habituelle, puisque j’ai toujours procédé personnellement aux premières visites de consultation avec les patients, a écrit le Dr Guberman dans le résumé des faits. Je regrette et je m’explique mal pourquoi je n’ai pas insisté pour effectuer la première consultation […] comme j’ai pourtant l’habitude de le faire. »
D’ailleurs, l’avocate du médecin, Me Mélanie Poisson, a ajouté que la clinique « fonctionne encore de la même façon ». Le médecin a cessé d’y travailler en 2021 en raison d’une « différence d’approche ».
Le spécialiste a aussi plaidé coupable de ne pas avoir présenté à la patiente, le jour de la chirurgie, les options autres que la liposuccion.
D’ailleurs, la patiente était insatisfaite de l’opération et est retournée voir le médecin pour des corrections, lit-on dans le résumé des faits. Elle s’est fait enlever plus de graisse dans une autre clinique où pratiquait le Dr Guberman, un mois plus tard. Un an plus tard, elle n’était toujours pas satisfaite.
UNE FACTURE SANS DÉTAIL
De plus, le CMQ reproche au médecin d’avoir remis une facture qui ne comprenait que le montant total de l’intervention, mais aucun détail sur les différentes procédures.
« L’intimé prive la patiente de prendre une décision éclairée sur les honoraires », a dit Me Vandal-Milette.
Les deux parties ont recommandé une sanction de 10 semaines.
En exercice depuis 2010, le Dr Guberman n’avait aucun antécédent disciplinaire.