La prière revient à l’Université de Montréal
Le 7 mars dernier, plusieurs ont sursauté à l’Université de Montréal.
Pascale Lefrançois, vice-rectrice aux affaires étudiantes et aux études, annonçait le démarrage immédiat d’un projet pilote : des locaux de prière sur le campus principal.
Ces salles, précise-t-on, seront multiconfessionnelles, ouvertes entre 11 h 30 et 12 h 45, « pour la prière individuelle seulement », réservées « aux membres de la communauté universitaire, sur leur temps personnel, peu importe leur origine, leur genre et leur religion ».
On ajoute : « Aucune prière communautaire dirigée par un officier ne peut y avoir lieu et la prière doit se faire en silence seulement ».
Si « le bilan est positif », le projet « pourrait être prolongé et étendu à d’autres campus ». En cas de non-respect des consignes, il prendra fin immédiatement.
Ces salles, dit-on, « étaient toutes disponibles après l’attribution des locaux selon nos politiques en vigueur ».
L’annonce surgit dans un drôle de contexte.
« Cette décision de l’Université de Montréal, une institution lourdement financée par les fonds publics, légale à première vue, va à contre-courant du mouvement général de notre société depuis la Révolution tranquille »
LAÏCITÉ
Une université n’est certes pas un ministère, une société d’État ou une école publique relevant d’un centre de services (les anciennes « commissions scolaires »).
Tout de même, l’annonce survient près d’un an après l’adoption par l’Assemblée nationale d’une motion affirmant que la « mise en place de lieux de prière, peu importe la confession, dans les locaux d’une école publique va à l’encontre du principe de laïcité ».
Les centres de services auxquels le ministre Drainville a fait parvenir une directive interdisant les lieux de prière incluent des centres de formation professionnelle et de retour aux études pour des adultes.
La loi 21, elle, n’interdit pas explicitement les locaux de prière dans les établissements universitaires, mais elle consacre des principes généraux de séparation de l’État et des religions qui incluent ces institutions.
Elle a aussi été suivie par le retrait des crucifix des palais de justice et de l’Assemblée nationale.
Bref, cette décision de l’Université de Montréal, une institution lourdement financée par les fonds publics, légale à première vue, va à contre-courant du mouvement général de notre société depuis la Révolution tranquille.
Cette décision de l’administration fait suite à des demandes d’étudiants musulmans. Il tombe sous le sens que la revendication était portée par les plus militants d’entre eux.
DES QUESTIONS
Je voudrais savoir :
1. Pourquoi avoir pris cette décision, et pourquoi maintenant ?
2. Qui a pris cette décision, et au terme de quel processus ?
3. Comment concilier cette disponibilité des locaux avec la complainte récurrente sur leur pénurie ?
4. Comment s’assurera-t-on de l’absence de ségrégation fondée sur le sexe ?
5. Dans une salle dite « multiconfessionnelle », a-t-on déjà vu des gens de religions différentes prier côte àcôte?
6. Puisque la réponse à la question précédente a toutes les chances d’être négative et que la demande émane d’étudiants d’une seule confession, comment justifier cette concession à un groupe unique ?
7. L’Université de Montréal dispose-t-elle d’un avis juridique lui confirmant la compatibilité de ces locaux de prière avec la loi 21 ? Je suis curieux.