Legault ne semble pas savoir quelles sont ses « options » en immigration
Paul Saint-Pierre-Plamondon a donné une autre preuve qu’il est un habile politicien, cette semaine.
Avec sa question simple à François Legault, jeudi au salon bleu, sur le vieil engagement caquiste de rapatrier des pouvoirs en immigration, le chef péquiste a forcé le jeu.
Le PM n’avait d’autre choix que de réaffirmer sa promesse. Il a en plus ouvert son jeu, affirmant qu’en cas de refus, il « examinerait ses options ».
Au terme de leur rencontre de vendredi, Justin Trudeau, avec l’aisance d’un musicien rejouant ses succès souvenirs, répondit : « Non, nous n’allons pas donner plus de pouvoirs en immigration. »
PSPP n’avait qu’à s’indigner sur X : « Nous valons mieux que cette humiliation perpétuelle. » Échec et mat. Et « Option Québec » ! (titre d’un livre de René Lévesque)
POUR LA FORME !
Dans l’entourage du PM Legault, on rageait hier.
PSPP, plaide-t-on, n’est pour rien dans ce renouvellement de la promesse. Bien avant la question du péquiste, le bureau de François Legault avait expédié au PM fédéral une liste de demandes avec celle-ci en tête.
Dans notre fédéralisme fiscal, tout PM du Québec doit un jour ou l’autre jouer les quêteux. Vendredi, Legault aurait réitéré sa demande à Trudeau en lui faisant comprendre que c’était « pour la forme » ; un peu comme lorsqu’un PM canadien mentionne, « en mission en Afrique, l’importance des droits des LGBTQ ».
SIX ANS
Rapatrier les pouvoirs, a-t-on par la suite expliqué du côté québécois, c’est du long terme. Or, les problèmes liés à l’explosion du nombre de nouveaux arrivants exigent des gestes immédiats. Il y aurait urgence.
Si c’est bien le cas, n’y a-t-il pas aussi urgence que Québec déploie ses « options », afin de se donner un rapport de force face à Ottawa ?
Car d’immigration, François Legault en jase avec Justin Trudeau depuis… six ans bientôt. Le 12 octobre 2018 : première rencontre entre les deux PM, en marge du Sommet de la francophonie en Arménie. Le Journal titre : « Legault obtient l’écoute de Trudeau sur l’immigration. »
FACTURE VAGUE
Hier, le fédéral aurait reproché à Québec d’avoir présenté une facture de 1 milliard $ insuffisamment détaillée pour les demandeurs d’asile (DA) de 2021 à 2023.
Sur ce plan, la rencontre des PM aurait donné un résultat concret : des mandats clairs ont été signifiés aux hauts fonctionnaires des deux administrations afin qu’ils « ventilent » la facture.
Ce reproche d’Ottawa sur l’imprécision des factures de Québec n’est pas nouveau. C’est peut-être même une stratégie des fédéraux : en avril 2018, ils soutenaient aussi que le gouvernement Couillard lui réclamait des sous (pour les demandeurs d’asile de Roxham) sur la foi de factures imprécises. François Legault s’en indignait d’ailleurs : « Ce n’est pas sérieux. Quand le premier ministre [Couillard] va-t-il avoir une vraie gestion, puis arrêter d’être brouillon ? »
Même s’il a parfois réussi à faire bouger le fédéral dans les dernières années (fermeture de Roxham, visas pour Mexicains), on n’a d’autre choix que de reprendre, pour la gestion de l’immigration par François Legault, le qualificatif qu’il utilisait jadis : brouillon.