Le Journal de Montreal

L’intimidati­on auprès des jeunes arbitres est toujours présente

- rodger.brulotte@quebecorme­dia.com

Stéphane Auger, l’ancien arbitre de la LNH et analyste de hockey à TVA Sports, a été récemment nommé directeur général de Hockey Québec. Il a commencé à arbitrer au hockey à l’âge de 15 ans, et depuis lors, il a dû gérer plusieurs situations de conflit. Cependant, il reconnaît qu’il y a certaines situations sur lesquelles il doit travailler pour le bien-être du hockey : il ne les voit pas comme des conflits, mais plutôt comme des dispositio­ns pour améliorer le hockey au Québec.

Stéphane a amorcé sa carrière d’officiel dans la région administra­tive de Bourassa. Il a gravi tous les échelons jusqu’à son premier match dans la LNH, le 1er avril 2000 ; un match à Chicago entre les Islanders de New York et les Black Hawks de Chicago. Derrière le banc des Black Hawks, il y avait le Québécois Denis Savard, qui agissait à titre d’adjoint à Bob Pulford. Avant le match, Denis Savard l’a salué avec un clin d’oeil.

Il est étonnant de constater à quel point les chemins peuvent se croiser et se recroiser au fil des années. Il y a 24 ans, devant le filet des Black Hawks, se trouvait l’homme à qui Stéphane a succédé à Hockey Québec, Jocelyn Thibault.

Tu as grandi à Ville d’Anjou.

Mon père, Pierre, et ma mère, Francine, ont joué un rôle important dans nos vies, mon frère et moi.

Commençons par ta mère.

Ma mère mesurait à peine cinq pieds, mais semblait en mesurer plus de six. Elle m’a inculqué des valeurs de la vie, dont l’intégrité. Lorsque mon père ne pouvait pas me conduire à mes activités sportives, ma mère prenait l’autobus avec moi afin qu’on s’y rende.

Ton père t’a initié au sport.

Mon défunt père était un grand bénévole à Ville d’Anjou, et d’ailleurs, pendant plusieurs années, il a été le président du Tournoi de hockey d’Anjou.

La réaction de tes parents à ta carrière d’arbitre.

Le pôle Nord et le pôle Sud. Malheureus­ement, mon père est décédé avant que j’arbitre dans la LNH. Cependant, avant d’atteindre la LNH, il exprimait son avis ou, devrais-je dire, trouvait un moyen de remettre en question mes décisions avec lesquelles il n’était pas d’accord.

Comment la mort de ton père t’a-t-elle affecté ?

Sans aucun doute, j’aurais adoré qu’il me voie dans la LNH. Mais, honnêtemen­t, je suis plus triste qu’il n’ait pas pu connaître ma femme et mes trois merveilleu­x enfants.

Ta mère était-elle présente à ton premier match dans la LNH ?

Elle était à mon premier match hors concours à Ottawa, mais pas à celui de Chicago. D’ailleurs, ma mère n’a pas assisté à beaucoup de mes matchs. C’était difficile pour elle d’entendre les partisans exprimer leurs critiques et leurs insultes, même si elle comprenait très bien la situation et dans quel environnem­ent elle se trouvait.

« MA MÈRE M’A INCULQUÉ L’IMPORTANCE DE L’INTÉGRITÉ. » – Stéphane Auger

As-tu pratiqué plusieurs sports dans ta jeunesse ?

J’ai joué au hockey, au baseball, à la crosse et aussi j’ai participé aux Jeux du Québec en natation. J’ai fait mon secondaire au Collège des Eudistes à Montréal, qui porte aujourd’hui le nom de Collège Jean-Eudes. À cette époque, le sport étudiant m’a permis de découvrir plusieurs discipline­s sportives et de créer des amitiés qui durent encore aujourd’hui.

Y avait-il de l’intimidati­on quand tu as commencé à arbitrer ?

Malheureus­ement, oui, et la situation ne s’est pas améliorée. Nous devons trouver un moyen d’empêcher les entraîneur­s de le faire, mais les parents c’est une autre histoire. Je me suis toujours posé la question : quelle serait la réaction de ces mêmes parents si leurs filles ou garçons devaient subir cette forme d’intimidati­on par d’autres adultes ?

Le traditionn­el hockey du samedi soir à la télé.

Mes parents n’avaient pas les moyens d’acheter des billets de saison pour voir le Canadien au Forum. Donc, le samedi soir, c’était la tradition familiale de m’asseoir près de mon père et de regarder le match à la télé. Mon joueur favori était Larry Robinson, mais avec le temps, je me suis concentré de plus en plus sur le travail des arbitres.

D’ailleurs, un jour, ta jeune fille te l’a rappelé.

J’étais avec elle à un match du Canadien et elle m’a demandé pourquoi j’étais si tranquille, avec peu d’émotions. Comment dire à ma fille que je surveillai­s les arbitres et non pas les meilleurs joueurs du Canadien ?

Ton premier emploi t’a aidé à faire carrière comme arbitre.

J’ai commencé en tant que sauveteur à la piscine de l’île Sainte-Hélène, et plusieurs années plus tard, je suis devenu responsabl­e du site. Cela me permettait de travailler l’été, et ensuite de me concentrer sur mon travail d’arbitre pendant l’hiver. J’ai aussi travaillé dans les concession­s au Stade olympique lors des matchs des Expos.

Les vacances estivales avec tes parents.

Mon père était impliqué dans un club social à Anjou. Ses activités auprès du club nous ont permis de visiter le Canada et le nord-est des États-Unis.

Tu as travaillé au sein de LHJMQ.

À une certaine époque, j’étais sur une patinoire six jours par semaine pour des maths du Midget AAA et de la LHJMQ, et ensuite, à la Ligue américaine de hockey. Je voyageais toujours en voiture. Cela faisait l’affaire de mon frère, car nous étions des colocs à Anjou.

Les anciens arbitres Wally Harris et Denis Morel t’ont bien aidé.

Le Montréalai­s Wally Harris a toujours été présent dans ma carrière. Il rencontrai­t mes parents afin de les rassurer et il trouvait toujours du temps pour me conseiller. Tandis que Denis Morel m’a beaucoup aidé lorsqu’il était superviseu­r d’arbitres dans la LNH.

Ton épouse, Sophie, et tes trois enfants sont ta source de motivation.

Je dirais plus qu’une source de motivation, ils sont la raison pour laquelle je suis heureux de rentrer chez moi chaque jour. Mon épouse est une femme que je ne remerciera­i jamais assez, car ensemble, nous avons bâti une belle famille remplie d’amour.

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PHOTO D’ARCHIVES Stéphane Auger arbitrant un match de la NLH, en 2010.

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