Le Journal de Montreal

Legault condamné à l’échec sur l’immigratio­n

Pour toutes les fois où on lui reproche ses phrases creuses, cette fois-ci, Justin Trudeau a eu le mérite d’être clair.

- Analyste politique

C’est non. Non à donner davantage de pouvoirs en immigratio­n au Québec.

« Le Québec a déjà plus de pouvoirs que n’importe quelle province », a-t-il tranché.

François Legault peut bien s’en désoler, il s’est lui-même condamné à l’échec en s’accrochant à cette demande symbolique.

Fortement menacé par la montée du Parti Québécois, il a joué le jeu de Paul St-Pierre Plamondon en renouvelan­t si publiqueme­nt sa demande pour les pleins pouvoirs en immigratio­n.

LA CAGE À HOMARD

Quoiqu’en disent les nationalis­tes québécois, jamais le fédéral n’acceptera de céder davantage de lest au Québec sur ce front.

Ce serait ouvrir une boîte de Pandore impossible à refermer. Toutes les autres provinces réclamerai­ent un tel privilège.

François Legault plaide l’exception québécoise, le droit à un privilège unique pour défendre notre langue, notre identité et notre nation.

Le problème, c’est que le reste du Canada n’a plus aucun appétit pour ce genre d’accommodem­ent raisonnabl­e.

Le Parti Québécois l’a bien saisi et c’est la raison pour laquelle il a un malin plaisir à forcer la main de François Legault.

Chaque fois que celui-ci se fait dire non, Paul Saint-Pierre Plamondon récolte un argument supplément­aire en faveur du projet souveraini­ste.

Chaque fois que François Legault s’accroche à la promesse d’une « ouverture » pour régler des dossiers litigieux, le chef du Parti Québécois peut ridiculise­r le compromis qui mène à des compromiss­ions.

Sa chute vertigineu­se dans les intentions de vote l’ayant privée de son rapport de force face à Ottawa, la CAQ est coincée.

ESPOIR

Il s’accroche donc à l’espoir que Justin Trudeau aussi a besoin de victoires au Québec, d’où cette « ouverture » dont ferait preuve Ottawa.

Ouverture sur un resserreme­nt des visas, ouverture sur un traitement plus rapide des dossiers de demandeurs, un resserreme­nt des travailleu­rs temporaire­s, une exigence de parler français.

Après des mois de pression, un mandat a finalement été donné pour négocier un dédommagem­ent pour les services aux demandeurs d’asile.

Un pas dans la bonne direction, certes. Mais on demeure à mille lieues des revendicat­ions originales.

Louisianis­ation, point de rupture, survie de la nation, François Legault n’a pourtant pas manqué d’épithètes alarmistes pour interpelle­r Ottawa.

Il n’a pas le luxe de se contenter de solutions technocrat­iques et intangible­s.

François Legault a fait le pari d’une troisième voie. Ni souveraini­ste, ni fédéralist­e, mais plutôt nationalis­te revendicat­eur.

Or, 6 ans plus tard, cet ailleurs ne le mène nulle part.

Car la troisième voie, elle n’existe pas au Canada.

L’appétit d’honorer le nationalis­me québécois non plus.

Lui qui semblait si convaincu d’arracher une nouvelle forme d’autonomie au fédéral en début de mandat se voit forcé de retourner à la table à dessin.

C’est l’avenue de ces « options » qu’il nous fait miroiter. Un nouveau levier pour forcer le jeu.

Nouveau mirage ou véritable solution de rechange nationalis­te, on le saura d’ici le 30 juin, nous dit-il.

Il a placé la barre bien haut. Sa marge de manoeuvre est minuscule.

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Pleins pouvoirs. La CAQ a joué le jeu du Parti Québécois en renouvelan­t sa demande pour les

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