Petite erreur de dossier de crédit, gros cauchemar
Votre pointage a un impact sur plein d’aspects de votre vie, expliquent des experts
De banales erreurs de noms, de numéros de téléphone ou des vols d’identités peuvent ruiner votre crédit et anéantir vos chances d’obtenir du financement au pire moment. Le Journal vous explique quoi faire pour éviter ce chemin de croix.
« Ces vols d’identité sont de plus en plus fréquents. On a des gens avec des cartes de crédit, des prêts automobiles et des comptes de téléphones cellulaires qui ne leur appartiennent tout simplement pas », constate Yannick Simard, PDG de SolutionCorrectionCrédit.com.
« J’ai une cliente qui avait une facture impayée de 3000 $ d’un téléphone qu’elle n’avait jamais eu. Je monte un dossier pour prouver que ce n’est pas à elle », illustre celui qui a travaillé 10 ans chez TransUnion, en début de carrière, avant d’avoir sa boîte.
Un 3000 $ de cellulaire impayé, un 6000 $ de prêt jamais demandé, des milliers de dollars prêts autos sortis de nulle part... Yannick Simard en voit de toutes les couleurs ces temps-ci.
PARCOURS DU COMBATTANT
« J’AI UNE CLIENTE QUI AVAIT UNE FACTURE IMPAYÉE DE 3000 $ D’UN TÉLÉPHONE QU’ELLE N’AVAIT JAMAIS EU. JE MONTE UN DOSSIER POUR PROUVER QUE CE N’EST PAS À ELLE »
– Yannick Simard, PDG de SolutionCorrectionCrédit.com
La semaine dernière, le chroniqueur au Journal, Francis Gosselin, racontait son parcours du combattant pour tenter de peine et de misère à rétablir sa cote de crédit auprès de TransUnion après un vol d’identité. Et il n’est pas le seul.
Plus de 3784 signalements québécois ont été faits au Centre antifraude du Canada l’an dernier, dont presque tous subissent les effets dévastateurs de voir leur cote de crédit fondre comme neige au soleil.
« Les propriétaires de logements regardent votre dossier de crédit. Les assureurs également. Vous risquez de payer plus cher votre assurance auto si vous avez un mauvais crédit », prévient Johanne Le Blanc, conseillère budgétaire à Option Consommateurs.
CONSULTER RÉGULIÈREMENT
Pour éviter les dégâts, mieux vaut consulter son dossier de crédit d’Equifax et de TransUnion tous les six mois, selon Johanne Le Blanc, conseillère budgétaire chez Option Consommateurs.
Quoi faire si on réalise que notre cote pique du nez en raison d’un achat que l’on n’a jamais effectué?
«Appelez vite le commerçant. Expliquez-lui que l’achat n’est pas de vous. Si vous n’y arrivez pas, envoyez-lui une lettre par courrier recommandé. Faites-en parvenir aussi une à Equifax et de TransUnion avec leurs formulaires. Documentez », détaille-t-elle.
On peut ajouter une note à son dossier de crédit (on appelle cela une «déclaration de consommateur») et une alerte à la fraude.
On peut aussi contacter Option Consommateurs et rapporter le problème à la Commission d’accès à l’information (CAI).
À la CAI, on ignore combien de Québécois sont victimes de ce type d’erreurs, mais on rappelle que les bureaux de crédit disposent ont maximum 30 jours pour agir quand le client fait par d’un problème à corriger d’urgence à son dossier.
« Si l’entreprise refuse de rectifier les renseignements personnels, ne répond pas dans le délai applicable ou ne donne pas suite à la demande de façon satisfaisante, la personne concernée peut présenter une demande d’examen de mésentente à la Commission », indique sa porte-parole Joëlle Pelletier.
Ces cinq dernières années, l’Office québécois de la langue française (OQLF) a reçu 60 plaintes visant Equifax. Chez TransUnion, ce chiffre s’élève à 18. Contrairement à Equifax, TransUnion n’a pas daigné répondre en français aux questions du Journal.