Regard nouveau sur un classique
La pièce de théâtre de Tennessee Williams La ménagerie de verre a été judicieusement modernisée
Huit décennies entières après sa création, La ménagerie de verre s’offre une nouvelle vie sur la scène du Théâtre DenisePelletier. Et c’est un tout nouveau regard – résolument moderne – qu’on jette aujourd’hui sur le classique de Tennessee Williams. « Il faut être respectueux de l’oeuvre originale. Mais il ne faut pas non plus être paralysé par ce respect », avance la comédienne Marie-Hélène Thibault.
Les personnages s’expriment dans un langage franc. Actuel. Et rien dans la mise en scène ne dégage le moindre parfum de poussière, même si l’oeuvre originale souffle cette année 80 bougies.
Ça, c’est grâce au travail de Fanny Britt et Alexia Bürger, respectivement traductrice et metteure en scène de cette relecture.
« Il y a quelque chose de très moderne, d’accessible. On reconnaît les mots et l’univers de Tennessee Williams, mais on a nettoyé la poussière et gratté pour faire ressortir toute la couleur et l’humour du récit », explique Marie-Hélène Thibault.
Ces mots de Tennessee Williams, ils nous font voyager dans l’Amérique des années 1930 où un jeune homme (incarné par Fabrice Yvanoff Sénat) souhaite ardemment quitter le domicile familial pour s’émanciper. Mais la culpabilité de laisser derrière lui sa mère névrosée (Marie-Hélène Thibault) et sa soeur souffrant d’une timidité maladive (Elisabeth Smith) viendront freiner ses élans.
« CASTING DALTONIEN »
La mère et la soeur sont blanches. Le fils, lui, est noir. Si on ne tient pas nécessairement à expliquer cet élément sur scène, ce choix vient tout de même renforcer le sentiment d’aliénation du personnage principal, lui qui peine à trouver sa place autant au sein de sa famille que dans la société.
Le jeune Fabrice Yvanoff Sénat a en effet bénéficié d’un « casting daltonien », procédé de plus en plus utilisé pour prioriser le talent plutôt que l’origine ethnique ou culturelle. On l’a vu, entre autres, dans la populaire série Bridgerton, où des personnages historiquement blancs sont campés par des comédiens aux origines diverses.
« Non seulement ça permet à des gens comme Fabrice de pouvoir jouer des classiques comme La ménagerie de verre, mais ça permet aussi à plusieurs jeunes de se reconnaître dans les personnages qu’ils voient sur scène. Tout le monde y gagne », explique MarieHélène Thibault.
La ménagerie de verre est présentée jusqu’au 9 avril au Théâtre DenisePelletier.