Des vidanges à la place de dons
Les Québécois laissent des montagnes de déchets près des boîtes de collecte d’organismes de charité
Pneus de voiture, vieux matelas, banquettes de restaurant : les organismes de bienfaisance n’ont jamais vu autant d’indésirables autour des boîtes de dons de vêtements que les gens traitent de plus en plus comme des dépotoirs.
« On fait le travail des vidangeurs », se désole Chantal Desrosiers, directrice générale d’Entraide diabétique du Québec.
L’organisme a 160 boîtes de dons de vêtements dans la région de Québec, en Mauricie et sur la Rive-Nord de Montréal.
Sur chacune d’entre elles, il est clairement indiqué « Don de vêtements ». Mais autour, on voit souvent des pneus, des vieux matelas, des sièges d’auto dont la date est expirée. Mme Desrosiers a même déjà trouvé des chatons dans une boîte derrière une cloche.
« Ils auraient pu mourir de froid », lâche-t-elle.
NETTOYAGE
Depuis le début de la pandémie, la Fondation la Collecte consacre de plus en plus de ses revenus au nettoyage au détriment de sa cause, les Grands Frères et Grandes Soeurs.
« On ne voyait pas ça avant », laisse tomber Jean Laberge, qui dirige la Fondation depuis 25 ans.
« Les gens ont plus de temps pour faire le ménage et les villes ont diminué la fréquence de la collecte des encombrants », tente-t-il en guise d’explication.
Son équipe en a long à dire sur les trouvailles du personnel : des matelas, beaucoup de matelas, des banquettes de restaurants, des pare-chocs de voiture, des climatiseurs…
Tout ça coûte cher. Il faut aller nettoyer certaines boîtes plusieurs fois par jour, envoyer des camions pour récupérer les encombrants autour des boîtes.
« Il y a des endroits problématiques où on allait une fois par semaine et où on peut [maintenant] se retrouver dix fois par semaine », souligne Jean-François Bruneau, directeur des opérations.
DES BOÎTES RETIRÉES
Il y a quelques années, la Fondation avait 135 boîtes dans le grand Montréal sur le terrain de partenaires comme des épiceries, centres commerciaux ou groupes immobiliers.
Elle a dû en retirer une vingtaine à ses frais à cause des dépôts sauvages.
« Ça n’avait pas de bon sens. Il n’y avait pas de vêtements, c’était juste des cochonneries autour », soupire Alain Thibaudeau, directeur général adjoint.
« MOINS DE PROFITS »
Même chose à Entraide diabétique Québec, qui n’a plus de boîtes à Montréal depuis quelques années.
« C’est dommage, je fais moins de profits pour Diabète Québec et mes employés ont tellement la cause à coeur », s’attriste Chantal Desrosiers.