Le Journal de Montreal

À propos des « personnes ayant un vagin »

National Post

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Jeudi dernier, je vous parlais d’un texte du

sur une juge de la Cour suprême, Sheilah Martin, qui, dans un arrêt, a utilisé le terme « personne ayant un vagin » plutôt que le mot « femme ».

Je faisais un rapprochem­ent avec Justin Trudeau qui avait fait rigoler la Terre entière en disant qu’il fallait dire peoplekind au lieu de mankind car c’était plus « inclusif ».

Certaines personnes disent que je me suis excité les poils des jambes pour rien et que l’Assemblée nationale a erré en condamnant le choix de mots de la Cour suprême.

Eh bien, au risque de me faire encore plus d’ennemis, je persiste et signe.

NOIR SUR BLANC

Voici ce que madame la juge Martin a écrit au paragraphe 109 de l’arrêt Kruk :

« Lorsqu’une personne ayant un vagin témoigne de manière crédible et avec certitude avoir ressenti une pénétratio­n péno-vaginale, le juge du procès doit pouvoir conclure qu’il est peu probable qu’elle se trompe. »

À moins que j’aie perdu l’usage de ma langue, madame Sheilah Martin écrit, noir sur blanc, « personne ayant un vagin » au lieu de « femme ».

Des gens trouvent peut-être qu’il « n’y a rien là », je persiste à dire qu’il est ahurissant que la novlangue woke ait contaminé jusqu’à la plus haute cour du pays.

Et comme me l’a dit un lecteur qui, comme moi, a lu l’arrêt Kruk, oui il est vrai que le mot « femme » apparaît 67 fois dans le texte de Mme Martin (ce qui « prouverait » que la juge n’est pas contre l’utilisatio­n de ce mot), mais…

Au moins 29 des 67 fois où le mot « femme » apparaît sont dans le résumé de l’arrêt (qui est rédigé par des profession­nels autres que les juges), dans le titre d’une associatio­n, dans les motifs concurrent­s du juge Rowe, dans le titre d’une référence bibliograp­hique, etc.

Et à ce nombre, il faudrait aussi ajouter le nombre de fois où la juge Martin utilise le mot « femme » parce qu’elle cite un extrait des motifs de la Cour d’appel ou du tribunal de première instance…

UNE MINORITÉ DANS UNE MINORITÉ

J’imagine que si la juge Martin utilise le terme « personne ayant un vagin » (une fois seulement, d’accord, mais à mon avis, une fois de trop), c’est parce que pour elle, ce terme serait plus inclusif pour les « personnes non binaires » et les personnes transgenre­s qui possèdent un vagin…

Ça, ce serait comme dire qu’il faut arrêter de dessiner les êtres humains avec deux jambes et deux bras (sur les pictogramm­es, par exemple) car certains naissent sans jambes et/ou sans bras…

Oui, des individus qui se disent hommes ont un vagin. Mais peut-on s’entendre qu’ils sont des exceptions… exceptionn­elles ? Qu’ils ne représente­nt pas encore la règle ? Qu’ils constituen­t une minorité extrêmemen­t minoritair­e au sein d’une minorité ?

Allons-nous changer toute notre façon de parler – et notre façon de dépeindre et de concevoir notre monde – pour 0,001 % de la population ?

Allons-nous cesser complèteme­nt d’utiliser le mot « femme » pour faire plaisir à une poignée de militants radicaux ?

C’est ça, la question qui se pose avec cette histoire…

Et à cette question, je réponds non. Sans aucune honte.

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Sheilah Martin a bel et bien écrit « personne ayant un vagin ».
L’honorable juge Sheilah L. Martin. Sheilah Martin a bel et bien écrit « personne ayant un vagin ».
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