Encore plus de vacanciers intoxiqués
L’épouse d’un homme mort mystérieusement à Punta Cana sidérée par les témoignages semblables au sien
Après deux ans à se questionner sur la cause de la mort étrange de son époux en République dominicaine, une dame se dit estomaquée de constater qu’autant de Québécois croient y avoir été intoxiqués dans les dernières années.
« Ça me bouleverse. Je pensais que mon mari était un cas isolé... qu’il avait pété un câble », souffle Betty Osorio, épouse de Patricio Retamal, après la lecture de notre récent article.
La semaine dernière, Le Journal rapportait avoir reçu une demi-douzaine de témoignages troublants de gens redoutant qu’eux ou leurs proches aient été drogués lors de leur séjour à Punta Cana. Ils ont fait état de confusion, paranoïa, vomissements et même de pulsions de sauter dans le vide.
Ces réactions faisaient suite à notre reportage sur la mort mystérieuse de William Gareau, 25 ans, lors d’un épisode de délire psychotique au Bahia Principe Luxury Ambar, un hôtel cinq étoiles, en janvier dernier.
Celui-ci a fait une chute de trois étages avant de succomber à ses blessures.
Depuis une semaine, les témoignages de lecteurs qui ont vécu des situations troublantes en République dominicaine se multiplient.
NOMBRE GRANDISSANT
C’est plus d’une quinzaine d’autres Québécois de qui nous avons recueilli les déclarations qui estiment avoir été ou vu quelqu’un être drogué volontairement ou non lors de leurs récentes vacances à Punta Cana.
« Le nombre de personnes qui ont vécu un épisode semblable à celui de William ne fait qu’augmenter. C’est fou », déplore la conjointe de William, Roxanne Brissette.
C’est notamment le cas de M. Retamal, mort le 19 novembre 2021. Le Brossardois de 56 ans et son épouse séjournaient au même hôtel que William.
La veille, ils avaient effectué une excursion en catamaran, avant de souper et consommer un verre de rhum. Puis, en pleine nuit, Betty Osorio s’est réveillée.
« Mon mari était hystérique. Il voyait des choses qui n’étaient pas réelles, raconte la dame de 54 ans, toujours fragile. Il est sorti de la chambre et criait. Il a sauté dans la piscine par le balcon. Il n’avait jamais agi de cette façon. Je l’ai filmé. »
JAMAIS REVU LE CORPS
Malheureusement, M. Retamal a perdu la vie des suites de sa chute. Son épouse n’a plus été en mesure de le revoir, une fois mort.
« Les médecins ne voulaient pas que je le voie. Et Air Transat avait déjà changé ma date de retour pour le lendemain », se désole-t-elle.
« On m’a carrément dit : “Tu n’as plus rien à faire ici” », poursuit Mme Osorio, désormais convaincue que son mari a été drogué en buvant une consommation alcoolisée.
Cette dernière souhaite maintenant que ces témoignages servent à faire la lumière sur ces mystérieuses intoxications et préviennent de futurs vacanciers.
« Si mon témoignage peut aider... Moi, je n’ai plus la force et les moyens de me battre. J’ai jeté la serviette. La République dominicaine, pour moi, c’est fini. »
PRÉOCCUPANT
Pour sa part, la fille du défunt espère toujours des explications.
« Personne ne mérite ce qui lui est arrivé, ni lui, ni William, ni les autres victimes, confie Beatryz Elvira Retamal, 31 ans. On nous a enlevé des personnes chères. J’espère de tout coeur que justice sera rendue. »
Appelés récemment à réagir à la situation par Le Journal, les complexes hôteliers Bahia Principe avaient affirmé que l’enquête concernant la mort de William Gareau se poursuivait et qu’ils ne voulaient pas commenter davantage d’autres cas d’intoxication.
Le porte-parole d’Air Transat concède pour sa part que ces témoignages sont préoccupants.
« Nous prenons ces informations avec la plus grande attention et sommes en communication constante avec nos partenaires hôteliers afin de nous assurer de la sécurité de nos voyageuses et voyageurs », répond par courriel le directeur marketing, relations publiques et médias sociaux de la compagnie aérienne, Bernard Côté.
« TRÈS DÉLICAT »
Malgré les événements traumatiques vécus par plusieurs Québécois, l’Association des agents de voyages du Québec (AAVQ) appelle les voyageurs à relativiser.
« C’est très délicat. Je ne veux pas minimiser ce que les gens ont vécu, mais je ne peux pas dire que c’est dangereux. On sait qu’il y a des dizaines de milliers de personnes par semaine qui vont en République dominicaine, et on n’a pas vu de signalements anormaux de cette destination-là par rapport à d’autres », affirme Moscou Côté, président de l’AAVQ.