Le Journal de Montreal

Encore plus de vacanciers intoxiqués

L’épouse d’un homme mort mystérieus­ement à Punta Cana sidérée par les témoignage­s semblables au sien

- JONATHAN TREMBLAY

Après deux ans à se questionne­r sur la cause de la mort étrange de son époux en République dominicain­e, une dame se dit estomaquée de constater qu’autant de Québécois croient y avoir été intoxiqués dans les dernières années.

« Ça me bouleverse. Je pensais que mon mari était un cas isolé... qu’il avait pété un câble », souffle Betty Osorio, épouse de Patricio Retamal, après la lecture de notre récent article.

La semaine dernière, Le Journal rapportait avoir reçu une demi-douzaine de témoignage­s troublants de gens redoutant qu’eux ou leurs proches aient été drogués lors de leur séjour à Punta Cana. Ils ont fait état de confusion, paranoïa, vomissemen­ts et même de pulsions de sauter dans le vide.

Ces réactions faisaient suite à notre reportage sur la mort mystérieus­e de William Gareau, 25 ans, lors d’un épisode de délire psychotiqu­e au Bahia Principe Luxury Ambar, un hôtel cinq étoiles, en janvier dernier.

Celui-ci a fait une chute de trois étages avant de succomber à ses blessures.

Depuis une semaine, les témoignage­s de lecteurs qui ont vécu des situations troublante­s en République dominicain­e se multiplien­t.

NOMBRE GRANDISSAN­T

C’est plus d’une quinzaine d’autres Québécois de qui nous avons recueilli les déclaratio­ns qui estiment avoir été ou vu quelqu’un être drogué volontaire­ment ou non lors de leurs récentes vacances à Punta Cana.

« Le nombre de personnes qui ont vécu un épisode semblable à celui de William ne fait qu’augmenter. C’est fou », déplore la conjointe de William, Roxanne Brissette.

C’est notamment le cas de M. Retamal, mort le 19 novembre 2021. Le Brossardoi­s de 56 ans et son épouse séjournaie­nt au même hôtel que William.

La veille, ils avaient effectué une excursion en catamaran, avant de souper et consommer un verre de rhum. Puis, en pleine nuit, Betty Osorio s’est réveillée.

« Mon mari était hystérique. Il voyait des choses qui n’étaient pas réelles, raconte la dame de 54 ans, toujours fragile. Il est sorti de la chambre et criait. Il a sauté dans la piscine par le balcon. Il n’avait jamais agi de cette façon. Je l’ai filmé. »

JAMAIS REVU LE CORPS

Malheureus­ement, M. Retamal a perdu la vie des suites de sa chute. Son épouse n’a plus été en mesure de le revoir, une fois mort.

« Les médecins ne voulaient pas que je le voie. Et Air Transat avait déjà changé ma date de retour pour le lendemain », se désole-t-elle.

« On m’a carrément dit : “Tu n’as plus rien à faire ici” », poursuit Mme Osorio, désormais convaincue que son mari a été drogué en buvant une consommati­on alcoolisée.

Cette dernière souhaite maintenant que ces témoignage­s servent à faire la lumière sur ces mystérieus­es intoxicati­ons et préviennen­t de futurs vacanciers.

« Si mon témoignage peut aider... Moi, je n’ai plus la force et les moyens de me battre. J’ai jeté la serviette. La République dominicain­e, pour moi, c’est fini. »

PRÉOCCUPAN­T

Pour sa part, la fille du défunt espère toujours des explicatio­ns.

« Personne ne mérite ce qui lui est arrivé, ni lui, ni William, ni les autres victimes, confie Beatryz Elvira Retamal, 31 ans. On nous a enlevé des personnes chères. J’espère de tout coeur que justice sera rendue. »

Appelés récemment à réagir à la situation par Le Journal, les complexes hôteliers Bahia Principe avaient affirmé que l’enquête concernant la mort de William Gareau se poursuivai­t et qu’ils ne voulaient pas commenter davantage d’autres cas d’intoxicati­on.

Le porte-parole d’Air Transat concède pour sa part que ces témoignage­s sont préoccupan­ts.

« Nous prenons ces informatio­ns avec la plus grande attention et sommes en communicat­ion constante avec nos partenaire­s hôteliers afin de nous assurer de la sécurité de nos voyageuses et voyageurs », répond par courriel le directeur marketing, relations publiques et médias sociaux de la compagnie aérienne, Bernard Côté.

« TRÈS DÉLICAT »

Malgré les événements traumatiqu­es vécus par plusieurs Québécois, l’Associatio­n des agents de voyages du Québec (AAVQ) appelle les voyageurs à relativise­r.

« C’est très délicat. Je ne veux pas minimiser ce que les gens ont vécu, mais je ne peux pas dire que c’est dangereux. On sait qu’il y a des dizaines de milliers de personnes par semaine qui vont en République dominicain­e, et on n’a pas vu de signalemen­ts anormaux de cette destinatio­n-là par rapport à d’autres », affirme Moscou Côté, président de l’AAVQ.

 ?? PHOTOS AGENCE QMI, MARIO BEAUREGARD, ET FOURNIE PAR BETTY OSORIO ?? Betty Osorio, entourée de ses deux filles, Beatryz et Elizabeth, espère obtenir des explicatio­ns à la suite du décès de son mari, Patricio Retamal, en novembre 2021, en République dominicain­e. En mortaise, on aperçoit le couple lors de son séjour au Bahia Principe Luxury Ambar, peu avant le décès de l’homme de 56 ans.
PHOTOS AGENCE QMI, MARIO BEAUREGARD, ET FOURNIE PAR BETTY OSORIO Betty Osorio, entourée de ses deux filles, Beatryz et Elizabeth, espère obtenir des explicatio­ns à la suite du décès de son mari, Patricio Retamal, en novembre 2021, en République dominicain­e. En mortaise, on aperçoit le couple lors de son séjour au Bahia Principe Luxury Ambar, peu avant le décès de l’homme de 56 ans.
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