Hydro aimerait des sanctions pour les proprios négligents
La société d’État veut que Québec s’attaque aux immeubles mal isolés
Le Québec doit forcer la rénovation des immeubles à logement mal isolés en imposant des sanctions aux propriétaires réfractaires, estime Hydro-Québec. En France, ceux qui ont des bâtiments mal cotés se verront même interdire de louer les appartements.
Depuis janvier, le ministre de l’Environnement, Benoît Charette, étudie le projet de loi 41, qui s’attaque aux passoires thermiques de certaines catégories, soit les immeubles des secteurs commercial et industriel, ainsi que certains très grands bâtiments qui sont mal isolés et perdent énormément d’énergie.
D’ici 2030, ces bâtisses seront cotées selon leur efficacité et les propriétaires devront effectuer des travaux de mise à niveau en profitant de généreux programmes gouvernementaux.
Le ministre Charette estime qu’il pourra ainsi économiser autant d’énergie que celle produite par le barrage de la Romaine.
« L’énergie que l’on n’utilise pas, c’est la moins dispendieuse par la force des choses », exprime-t-il en entrevue.
Mais Hydro-Québec souhaiterait qu’il aille plus loin encore.
LOCATIONS INTERDITES
En France, le système de cotation existe depuis très longtemps et vise tous les bâtiments, incluant tout le secteur résidentiel. Le gouvernement Macron va serrer la vis davantage.
Depuis le début de l’année, les propriétaires dont les immeubles locatifs sont cotés
« G », soit les moins bien notés et les moins bien isolés, doivent effectuer des rénovations pour améliorer leur bilan, sans quoi ils ne peuvent pas louer les appartements.
Dès 2025, les bâtiments cotés
« E-F et G » seront visés par la même règle. Ce sont ainsi plus de cinq millions de logements qui devront être rénovés (voir autre texte). Le gouvernement français offre du soutien financier pour effectuer les rénovations.
PRESSION D’HYDRO
Hydro-Québec souhaiterait que la loi de Benoit Charette inclue tous les bâtiments, dont les résidences.
« On a déjà les données de consommation électrique. C’est facile. Pour nous, il faut coter tous les bâtiments et que ça se traduise par des incitatifs », affirme en entrevue le vice-président de la société d’État, Dave Rhéaume.
« On n’est pas obligé, selon nous, surtout dans un contexte de crise de logement, de dire : “un jour tu ne pourras plus louer ton appart”. Mais tu peux peut-être dire : “tu ne peux plus augmenter le loyer” [...] Les meilleurs consommateurs doivent avoir des avantages que les moins bons n’auront pas. »
« UNE ERREUR »
Malgré la pression d’Hydro, le ministre de l’Environnement estime de son côté que la France commet une erreur en interdisant la location des loyers, même si elle est pionnière en la matière.
« On veut éviter les erreurs de l’expérience française [...] qui ajuste ses ambitions à la baisse », plaide-t-il. M. Charette affirme que la France a dû revoir ses diagnostics de performance énergétique.
Avec son projet de loi, Québec s’est aussi donné les moyens de forcer la rénovation des bâtiments énergivores. Toutefois, il compte prendre son temps. « Il faut y aller par étape. C’est un défi qui est colossal. »
Le ministre espère que la loi sera adoptée d’ici la fin du mois de mars.