Le Journal de Montreal

Les locataires précaires paient le prix

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PARIS | Plus de cinq millions de logements sont des passoires thermiques en France et devront être rénovés. D’ici là, comme au Québec, les familles à faible revenu doivent éponger la facture.

En France, les propriétai­res se servent de l’argument de la pénurie de logements dans l’espoir de convaincre le gouverneme­nt de faire marche arrière. On leur interdira de louer les appartemen­ts s’ils ne sont pas rénovés.

Dans ce dossier, l’organisme français CLER – Réseau pour la transition énergétiqu­e – estime que l’argument concernant la pénurie de logements est dénué de sens en raison de la piètre qualité de vie des locataires.

« Les personnes qui vivent dedans ne sont pas confortabl­es. Il y a beaucoup d’infiltrati­on d’air, ils ne sont pas bien isolés. C’est comme si on chauffait l’extérieur », a mentionné Isabelle Gasquest, la responsabl­e de projets efficacité énergétiqu­e pour le CLER.

« On dit “passoire”, parce qu’il y a des fuites thermiques. »

Ce sont eux qui se retrouvent avec les factures d’électricit­é les plus élevées et qui vivent de l’inconfort, dénonce-t-elle.

UN LEVIER IMPORTANT

« Leur rénovation performant­e est le levier le plus puissant pour faire reculer ce phénomène », dit-elle. Ces statistiqu­es existent, car tous les logements sont inspectés et notés en France depuis déjà plus d’une décennie.

« L’objectif, c’est de ne plus avoir de logements indigents », ajoute Alice Louis, de la Maison Régionale de l’Environnem­ent et des Solidarité­s à Lille.

Au Québec, lorsque la loi sera adoptée, que des inspection­s seront réalisées et que les logements seront cotés, le gouverneme­nt n’aura qu’un portrait partiel de la situation puisque le ministre de l’Environnem­ent, Benoît Charette, refuse, pour l’instant, de s’attaquer au secteur résidentie­l.

ÉQUITÉ

De son côté, Hydro-Québec s’est dite consciente de l’iniquité énergétiqu­e. « C’est particuliè­rement problémati­que pour les locataires versus les propriétai­res », signale le vice-président, Dave Rhéaume, admettant que les locataires les plus démunis écopent.

« Des propriétai­res se disent : “Pourquoi j’investirai­s pour améliorer la performanc­e, ce n’est pas moi qui paie la facture ?” »

Pour sa part, le ministre de l’Environnem­ent du Québec affirme que des mesures incitative­s et des subvention­s sont disponible­s pour encourager les propriétai­res et locataires à améliorer l’efficacité énergétiqu­e de leurs bâtiments.

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