L’accord de libre-échange avec l’Europe en danger
L’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne est en danger. Le Sénat français est très réticent à voter sa ratification, même si l’Assemblée nationale française l’a fait. Au point où certains acteurs tirent la sonnette d’alarme.
Que la France ne ratifie pas ce traité pourrait le faire tomber. Avec des conséquences graves tant en Europe qu’au Canada.
Depuis sept ans, le traité de libreéchange entre le Canada et l’Union européenne a été appliqué de manière provisoire, même s’il n’a été ratifié jusqu’à présent que par le Canada et par 17 États européens.
Le traité a été bénéfique tant pour l’Europe que pour le Canada.
C’est que le niveau de développement du Canada et celui des pays européens sont similaires. Les pays signataires sont des démocraties. Les lois européennes et canadiennes sont comparables et les systèmes juridiques des deux entités sont fondés sur la règle de droit.
BEAUCOUP DE BÉNÉFICES
La théorie de David Ricardo, qui justifie les négociations de libre-échange, est très critiquable lorsque le chômage est élevé ou quand les pays signataires sont inégalement développés. C’est que les accords de libre-échange libèrent beaucoup de main-d’oeuvre et qu’ils spécialisent les économies dans certains secteurs de production.
Or, le traité de libre-échange entre le Canada et l’Europe soulage la pénurie de main-d’oeuvre. Il renforce de part et d’autre la spécialisation dans des secteurs très industrialisés, et non pas seulement dans des secteurs peu porteurs.
Le traité, qui depuis sept ans a été appliqué à peu près intégralement dans tous les domaines sauf l’investissement et le règlement des différends, n’a provoqué aucun des cataclysmes économiques que certains redoutaient.
Au contraire, il a été plutôt bénéfique à chaque partie.
PROBLÈME AGRICOLE
Malheureusement, la politique française est prisonnière d’une conjoncture agricole très défavorable. L’industrie agricole est à la merci, entre autres, des changements climatiques et de réglementations trop contraignantes imposées par des élus européens idéalistes.
Avec l’arrivée des élections européennes, certains sénateurs français crient haro sur le baudet.
Plutôt que de se concentrer sur les questions géopolitiques graves qui appellent à un renforcement de la coopération entre les démocraties pour faire face à l’axe naissant des pays dictatoriaux, ils agitent de fausses craintes pour obtenir des gains politiques.
Par exemple, l’entrée de boeuf canadien aux hormones sur les marchés européens a été montée en épingle, alors que les réglementations européennes l’interdisent, à tel point que seulement 1 % des quotas de boeuf canadien sur le marché européen a été utilisé.
Faut-il s’en étonner ? Les sénateurs proches de la Russie, c’est-à-dire ceux d’allégeance communiste ou ceux proches de Marine Le Pen, sont ceux qui s’opposent le plus à l’accord de libre-échange avec le Canada. Quelques sénateurs centristes voudraient un examen plus approfondi des bénéfices du traité avant de le signer, comprendre ici, faire traîner la signature jusqu’au lendemain des élections.
Ils seront peut-être assez nombreux pour faire tomber le traité avec la France. Le vote devrait se tenir jeudi.