Le héros qu’on attendait, ce n’est pas lui ?
Depuis 30 ans, le manque de grands joueurs à Montréal nous a, avec raison, souvent rendus jaloux de voir les autres équipes remplies d’étoiles pendant qu’on devait se contenter de Travis Moen sur le premier trio ou de Jordan Weal sur l’avantage numérique.
Mais je crains que cette jalousie nous empêche d’avoir pleinement conscience de ce qu’un joueur du Canadien est en train d’accomplir, malgré cette autre saison plate.
Au sein de 16 équipes de la LNH, il serait présentement le meilleur marqueur.
Il produit plus que bien des joueurs qu’on ne place jamais dans la même discussion : Stamkos, Kopitar, Guentzel, Marchand, Kreider, Scheifele, Hintz, Kyrou, DeBrincat, Horvat ou Zibanejad.
Il est en voie de connaître la meilleure saison offensive de l’organisation depuis 16 ans. La 29e meilleure de l’histoire du Canadien. Dans la LNH d’aujourd’hui, c’est plutôt solide.
Il est dans le top 5 de la LNH pour les passes complétées et le temps de possession en zone offensive.
Il est dans le top 5 de la LNH pour la récupération de rondelle en zone défensive et parmi le top 20 pour les batailles à un contre un.
Il a seulement 24 ans.
Il joue au centre et est solide aussi défensivement.
Il est capitaine.
Il travaille fort.
Il essaie d’apprendre le français.
Il vit à Montréal à longueur d’année. C’est un bon garçon, qui semble bien élevé et que l’on verrait bien comme notre gendre.
Bref, on veut quoi de plus pour commencer à croire qu’on l’a déjà, notre étoile, à Montréal ?
Nick Suzuki coche pas mal toutes les cases.
À LA PLACE DE CODY GLASS
Mais on dirait qu’on ne le réalise pas tant que ça. Comme s’il y avait encore des doutes.
Quand le Canadien est allé le chercher à Vegas, les Golden Knights préféraient l’offrir lui plutôt que Cody Glass. Ce dernier a 68 points en carrière. Suzuki en a 272.
De nombreux amateurs et commentateurs ont toujours dit que Nick Suzuki ne pouvait pas être un premier centre. Que Dach sera le premier centre. Que Suzuki sera toujours un gars d’enmaximum. viron 65 points Moi aussi, j’ai dit ça. J’ai souvent écrit dans les derniers mois que le CH avait besoin d’un joueur étoile pour le prochain niveau. Qu’il ne patine pas très vite.
Que son salaire de 7,875 M$ par année était un gros pari pour le Canadien pour un bon petit joueur, mais pas si bon que ça non plus.
Finalement, c’est dans les dents de beaucoup de monde.
Rien dans sa courbe de progression n’indique qu’il va ralentir.
NE PAS PARIER CONTRE LUI
Donc, vous pouvez continuer de croire qu’il ne sera jamais un joueur d’élite. Mais Suzuki prouve sans arrêt qu’on ne peut jamais parier contre lui.
On s’émoustille devant la robusdevant tesse d’Arber Xhekaj, Juraj Slafkovsky dès qu’il fait une belle passe, devant Joel Armia parce qu’il donne trois coups de patin en repli défensif, mais peut-on d’abord apprécier et contempler ce que devient le capitaine ?
Non, je n’ai pas accroché le chandail de Nick Suzuki dans ma chambre. Ce n’est pas parce qu’il peut faire un point par match qu’il faut le canoniser.
Mais je trouve qu’on s’emballe toujours très vite avec de jeunes talents à Montréal, et j’ai l’impression qu’on fait l’inverse avec Nick Suzuki. Qu’on ne réalise pas l’étendue du talent du joueur qu’on a. Peut-être parce qu’il n’est pas trop exubérant ou un peu plate en entrevue. Mais on s’en fout un peu. Shea Weber était aussi plate.
Est-ce le héros, le joueur d’élite qui fera plus de 90 points qu’on attend depuis longtemps à Montréal ?
Comme j’en suis capable, j’ai parti un débat animé dans la chambre de hockey avec mon club de ligue de garage. J’avais l’impression de blasphémer quand j’osais demander si vous prendriez Suzuki ou Zibanejad, Suzuki ou Kopitar, Suzuki ou Kyrou. On dirait que tout le monde trouve ça difficile de reconnaître que le capitaine du Canadien peut commencer à être considéré comme un « stud ».
Peut-être que je m’emballe. Comme dirait l’autre, on verra.