Le monstre d’attention ne se lancera pas en politique
La dernière semaine a été meublée par une rumeur voulant qu’Aaron Rodgers soit un sérieux candidat comme vice-président du candidat indépendant Robert F. Kennedy Jr lors de la prochaine élection présidentielle américaine. C’est inimaginable à quel point le quart-arrière est devenu le centre d’attention de la NFL, pour des raisons autres que le football, depuis quelques années.
Au cours du week-end, un reportage a indiqué qu’après réflexion, Rodgers ne serait plus dans le coup. Il va finalement se concentrer sur les exigences déjà assez imposantes d’un métier prenant, celui de quart-arrière titulaire dans le marché bien en vue de New York. On pourrait aussi lui octroyer de facto le titre de directeur général de l’équipe, puisque son pouvoir décisionnel n’a plus de limites.
C’est presque dommage, ç’aurait été une autre occasion pour Rodgers d’exposer à la face du monde son intelligence supérieure, puisque, bien sûr, il appartient à cette classe suprême qui fait ses « propres recherches ».
Un détour en politique aurait exposé Rodgers plus que dans le sport au sujet de controverses qui ont fini par le réduire au rang de caricature. Le grand quart-arrière qu’il a été semble de plus en plus n’être qu’un vieux souvenir.
TOUTES SORTES DE THÉORIES
Sur différentes plates-formes, dans les dernières années, Rodgers s’est assuré de mettre de l’avant ses idées personnelles, bien plus que son désir de remporter un autre Super Bowl, ce qu’il n’a pas réussi à accomplir depuis 2011.
Sa prise de position sur le vaccin contre la COVID, c’est une chose. Il est permis d’être en désaccord, comme il lui est permis d’exposer son point de vue. Sauf qu’avec Rodgers, une dérape n’attend plus l’autre.
Cette semaine, dans la foulée de la nouvelle sur Kennedy, une journaliste de CNN a même avancé que Rodgers lui aurait confié, en 2013, que la tragédie qui a fait 26 morts à l’école Sandy Hook ne serait qu’une fabrication médiatique. Il a nié par la suite, mais ce n’était pas la première fois qu’il faisait parler de lui pour son admiration quant à certaines théories du complot.
Récemment, l’un de ses anciens substituts, DeShone Kizer, a dévoilé que Rodgers lui avait déjà fait des discours sur le fait que les attaques du 11 septembre 2001 n’étaient pas réelles.
Chaque fois, lorsqu’il se retrouve à se défendre sous les projecteurs, c’est la faute des médias, des compagnies pharmaceutiques, des médecins, des gouvernements, du bonhomme Carnaval, de la Fée des dents…
Il joue pleinement le rôle du penseur libre, incompris, qui se retrouve ostracisé. Il semble pourtant se régaler de ce buffet d’attention à son endroit, dans lequel il plonge à deux mains pour ensuite roter son savoir.
Parlez de moi en bien ou parlez de moi en mal, mais parlez de moi.
POLITIQUE ET FOOTBALL
Maintenant, est-ce que c’était vraiment du sérieux, Aaron Rodgers en politique ? Le principal intéressé ne s’est pas prononcé publiquement sur le fait que Kennedy a dit le voir au sommet de sa liste, mais sans doute que cette possibilité de faire encore plus circuler ses idées l’a réellement démangé. Puisqu’il ne semble plus dans le coup, il pourra toujours se plaindre que c’était seulement une histoire inventée de toutes pièces par les machiavéliques médias.
C’était difficile à la base de croire à une implication réelle en politique. Il a indiqué, dans une récente entrevue, qu’il aimerait jouer au football pendant encore deux, trois, voire quatre ans. À première vue, les deux vocations ne se marient pas très bien.
Dès juillet, il redeviendra le quart-arrière des Jets et on l’imagine mal naviguer entre l’entraînement et les discours politiques. Quoique certains diront que c’est un peu ce qu’il prend déjà amplement le temps de faire dans différents balados.
Il y avait donc peu de chances que l’aventure politique se matérialise, même si Kennedy et Rodgers semblent se porter mutuellement en haute estime. Ils se sont rencontrés, et, selon le New York Times, Rodgers se serait dit réellement intéressé par cette avenue.
PAUVRES JETS !
Imaginez un peu le cirque chez les Jets de New York si ce projet en apparence farfelu se concrétisait ! À quel point ses coéquipiers et entraîneurs apprécieraient-ils l’ambiance ? Le plus drôle, c’est que le propriétaire de l’équipe, Woody Johnson, est un fervent supporteur de Donald Trump.
Puisqu’on ne sait plus trop qui mène dans cette organisation, tout est possible avec Rodgers. Depuis un an, ce que Rodgers veut, Rodgers l’obtient. La risible génuflexion des Jets devant leur quart-arrière doit cesser.
Il ne faut pas oublier que Rodgers lui-même, dans une autre excellente farce, a exigé de ses coéquipiers au terme de la dernière saison que la bullshit cesse, comme il l’a dit. Que tout le monde dans l’organisation devait tout mettre en oeuvre pour se consacrer à un seul but, la victoire.
Il serait grand temps que le supposé leader donne l’exemple et cesse de s’éparpiller. Il a beau avoir un talent fou, Rodgers n’arrivera jamais à la cheville des grands du sport qui se consacrent à leur art plutôt qu’à toutes sortes de distractions.