Le Journal de Montreal

« Si j’étais elle, je démissionn­erais »

-

Il est inconcevab­le qu’une députée en fonction se mêle d’une enquête policière, affirment les anciens diplomates et policiers que nous avons interrogés.

«Çame fascine qu’une députée s’immisce dans un processus judiciaire. Il y a une séparation des pouvoirs qui est normalemen­t admise. Elle devrait faire preuve de réserve. Les poils me dressent sur la tête […] Aller commenter une enquête, c’est vraiment ordinaire », affirme Paul Laurier, ancien enquêteur à la Sûreté du Québec.

« Si j’étais elle, je démissionn­erais », poursuit celui qui a aussi été membre de l’Équipe intégrée de la sécurité nationale de la Gendarmeri­e royale du Canada.

DEVOIR ÉTHIQUE

« Ce n’est pas juste un devoir de réserve. C’est un devoir éthique de respecter cette séparation des pouvoirs. Ça devrait être compris de tous les élus. C’est un accroc à la démocratie pour un élu de commenter une enquête en cours […] en plus de possibleme­nt nuire à la sécurité nationale », analyse aussi Jean-François Savard, professeur à l’École nationale d’administra­tion publique.

Selon l’ancien diplomate Guy Saint-Jacques, qui a été ambassadeu­r en République populaire de Chine de 2012 à 2016, Mme Mendès agit possibleme­nt de la sorte pour plaire à la large diaspora chinoise de sa circonscri­ption.

BESOIN D’« UN BON BRIEFING »

« Elle a dû sentir que cette enquête était mal reçue et a voulu se mettre de leur côté. Ça a été la position du Parti libéral pendant des années de fermer les yeux [sur l’ingérence chinoise] pour ne pas s’aliéner la communauté […] Franchemen­t, si elle n’est pas au courant de toutes les activités d’interféren­ce exercées par la Chine, il est temps qu’elle demande un bon briefing au SCRS [Service canadien du renseignem­ent de sécurité] », affirme-t-il.

Ce n’est pas la première fois que le ministre Champagne est dans l’embarras en lien avec la Chine. En 2020, il avait remboursé deux prêts hypothécai­res après que le quotidien Globe And Mail eut révélé qu’il avait contracté une dette de 1,2 M$ auprès d’une banque chinoise avant son arrivée en politique.

 ?? ?? GUY SAINT-JACQUES Ex-ambassadeu­r
GUY SAINT-JACQUES Ex-ambassadeu­r

Newspapers in French

Newspapers from Canada