Salles de prière : grave erreur de l’UdeM
Répondant favorablement à une revendication de l’Association des étudiants musulmans de l’Université de Montréal (AEMUDM), la direction accepte de transformer certains locaux en salles de prière sur l’heure du midi.
C’est une très grave erreur.
POURQUOI
Ce n’est pas le fait de prier qui est problématique, mais de subordonner le fonctionnement usuel d’un établissement public aux demandes d’un groupe religieux.
Je m’opposerais tout autant à l’aménagement d’une chapelle. La prière catholique n’a cependant pas besoin d’être visible et de marquer son territoire.
On aura beau dire que ces salles seront multiconfessionnelles, elles ne seront utilisées que par ceux qui les revendiquaient.
Il n’est pas impossible qu’elles deviennent des lieux de rassemblement communautaire sur une base religieuse.
Formulée pour la première fois il y a vingt ans, cette demande n’avait jamais obtenu satisfaction jusqu’ici. L’administration invoquait le manque de locaux.
Et là, subitement, alors que la population étudiante a fortement augmenté, alors que les professeurs se font dire que la pénurie de locaux oblige à enseigner les soirs et les fins de semaine, un miracle survient.
Décidément, comme la multiplication des pains dans la Bible, la religion a des pouvoirs insoupçonnés.
L’Université de Montréal s’est-elle demandé si sa décision ne pourrait pas avoir un effet d’entraînement sur des collèges et d’autres universités au Québec, au moment où l’affirmation d’une laïcité limitée et dans le prolongement de notre histoire moderne se heurte à de vives résistances ?
L’Université de Montréal réalise-t-elle, comme le notait un lecteur, qu’elle fournit un instrument de pression que les pratiquants pourront exercer sur les non-pratiquants : « On ne te voit pas souvent au local de prière ».
Si l’Université de Montréal en vient à mettre fin à l’expérience, elle sera accusée d’« islamophobie » et ce sera sa faute.
« L’Université de Montréal s’est-elle demandé si sa décision ne pourrait pas avoir un effet d’entraînement sur des collèges et d’autres universités au Québec, au moment où l’affirmation d’une laïcité limitée et dans le prolongement de notre histoire moderne se heurte à de vives résistances ? »
L’AEMUDM a beau brandir une pétition, il est à la fois facile de signer et, parfois, embarrassant de ne pas signer.
Pour l’essentiel, la demande est portée, comme c’est toujours le cas dans le monde associatif, par les plus militants.
Or, cette AEMUDM avait invité, le 9 avril 2022, le prédicateur wahhabite Eric Younous, fiché S par la sécurité française.
FEMME
En 2017, l’hebdomadaire français Marianne rapportait la décision d’une mosquée de Roubaix d’annuler la conférence que devait y prononcer Younous en compagnie de Hani Ramadan, frère de Tariq Ramadan.
L’hebdo rappelait que Younous, dans un prêche disponible sur YouTube, s’emportait contre « la conception de la femme selon l’Occident » où « la liberté, c’est de se balader à moitié nue dans les rues et n’être qu’un objet de tentation ».
L’Université de Montréal était-elle au courant ?
Savait-elle aussi ce que rapportait le regretté Frédéric Bastien sur l’AEMUDM dans sa chronique du 15 avril 2023 dans nos pages ?
Décidément, on a beau tourner cela dans tous les sens, voilà une décision, drapée dans l’ouverture et la bienveillance, profondément mal avisée.