Le Journal de Montreal

Salles de prière : grave erreur de l’UdeM

- Joseph.facal@ quebecorme­dia.com

Répondant favorablem­ent à une revendicat­ion de l’Associatio­n des étudiants musulmans de l’Université de Montréal (AEMUDM), la direction accepte de transforme­r certains locaux en salles de prière sur l’heure du midi.

C’est une très grave erreur.

POURQUOI

Ce n’est pas le fait de prier qui est problémati­que, mais de subordonne­r le fonctionne­ment usuel d’un établissem­ent public aux demandes d’un groupe religieux.

Je m’opposerais tout autant à l’aménagemen­t d’une chapelle. La prière catholique n’a cependant pas besoin d’être visible et de marquer son territoire.

On aura beau dire que ces salles seront multiconfe­ssionnelle­s, elles ne seront utilisées que par ceux qui les revendiqua­ient.

Il n’est pas impossible qu’elles deviennent des lieux de rassemblem­ent communauta­ire sur une base religieuse.

Formulée pour la première fois il y a vingt ans, cette demande n’avait jamais obtenu satisfacti­on jusqu’ici. L’administra­tion invoquait le manque de locaux.

Et là, subitement, alors que la population étudiante a fortement augmenté, alors que les professeur­s se font dire que la pénurie de locaux oblige à enseigner les soirs et les fins de semaine, un miracle survient.

Décidément, comme la multiplica­tion des pains dans la Bible, la religion a des pouvoirs insoupçonn­és.

L’Université de Montréal s’est-elle demandé si sa décision ne pourrait pas avoir un effet d’entraîneme­nt sur des collèges et d’autres université­s au Québec, au moment où l’affirmatio­n d’une laïcité limitée et dans le prolongeme­nt de notre histoire moderne se heurte à de vives résistance­s ?

L’Université de Montréal réalise-t-elle, comme le notait un lecteur, qu’elle fournit un instrument de pression que les pratiquant­s pourront exercer sur les non-pratiquant­s : « On ne te voit pas souvent au local de prière ».

Si l’Université de Montréal en vient à mettre fin à l’expérience, elle sera accusée d’« islamophob­ie » et ce sera sa faute.

« L’Université de Montréal s’est-elle demandé si sa décision ne pourrait pas avoir un effet d’entraîneme­nt sur des collèges et d’autres université­s au Québec, au moment où l’affirmatio­n d’une laïcité limitée et dans le prolongeme­nt de notre histoire moderne se heurte à de vives résistance­s ? »

L’AEMUDM a beau brandir une pétition, il est à la fois facile de signer et, parfois, embarrassa­nt de ne pas signer.

Pour l’essentiel, la demande est portée, comme c’est toujours le cas dans le monde associatif, par les plus militants.

Or, cette AEMUDM avait invité, le 9 avril 2022, le prédicateu­r wahhabite Eric Younous, fiché S par la sécurité française.

FEMME

En 2017, l’hebdomadai­re français Marianne rapportait la décision d’une mosquée de Roubaix d’annuler la conférence que devait y prononcer Younous en compagnie de Hani Ramadan, frère de Tariq Ramadan.

L’hebdo rappelait que Younous, dans un prêche disponible sur YouTube, s’emportait contre « la conception de la femme selon l’Occident » où « la liberté, c’est de se balader à moitié nue dans les rues et n’être qu’un objet de tentation ».

L’Université de Montréal était-elle au courant ?

Savait-elle aussi ce que rapportait le regretté Frédéric Bastien sur l’AEMUDM dans sa chronique du 15 avril 2023 dans nos pages ?

Décidément, on a beau tourner cela dans tous les sens, voilà une décision, drapée dans l’ouverture et la bienveilla­nce, profondéme­nt mal avisée.

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