Le Journal de Montreal

Un palmarès des écoles ne serait pas bienvenu

- DAPHNÉE DION-VIENS

La publicatio­n future d’un « palmarès » public des écoles, qui permettra de comparer des établissem­ents à partir des données gouverneme­ntales, suscite une levée de boucliers dans le réseau scolaire.

« On n’est vraiment pas d’accord, ce n’est pas une bonne idée », a lancé Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissem­ent d’enseigneme­nt, qui représente la majorité des directions d’école de la province.

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a dévoilé dimanche son nouveau tableau de bord en éducation, qui présente neuf indicateur­s clés, comme le taux de diplomatio­n et les résultats aux épreuves ministérie­lles, par région et centre de services scolaire.

Or, M. Drainville compte « éventuelle­ment » rendre publiques ces mêmes données par école, afin de créer une « saine émulation » dans le réseau scolaire où l’améliorati­on passe forcément par la comparaiso­n, a-t-il affirmé au Journal.

COMPÉTITIO­N MALSAINE

M. Prévost, qui ne s’oppose pas à l’utilisatio­n de ces données à l’interne par Québec, estime au contraire que la publicatio­n de résultats par école pourrait entraîner plusieurs effets pervers, à commencer par une compétitio­n malsaine entre les établissem­ents.

Le son de cloche est semblable du côté des syndicats d’enseignant­s, qui craignent que ce « palmarès » ne vienne mettre encore plus de pression sur les épaules des profs et accentuer davantage le phénomène de « magasinage » des écoles secondaire­s, au détriment des écoles de quartier.

Comparer des écoles entre elles peut être un exercice très ingrat, fait remarquer Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseigneme­nt.

« Est-ce qu’on va tenir compte de la réalité des milieux ? Est-ce qu’on va tenir compte des ressources ? » lance-t-elle.

Le mouvement École ensemble, qui dénonce depuis des années les dérives de l’école à trois vitesses, presse aussi le ministre d’abandonner cette idée.

Un palmarès « ne ferait que nous dire quelles écoles ont sélectionn­é les meilleurs élèves », affirme son coordonnat­eur, Stéphane Vigneault.

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