Le Journal de Montreal

Énergie : le popcorn Fitzgibbon doit cesser

Dans le grand dossier de mon collègue Nicolas Lachance sur l’énergie, on apprécie une fois de plus la franchise du ministre Pierre Fitzgibbon.

- Antoine.robitaille@ quebecorme­dia.com

L’expert en énergie Pierre-Olivier Pineau, des HEC, a raison : Fitzgibbon est le seul ministre qui a le courage de dire : « Il faut moins consommer ».

Et sur le fond, Fitz a raison : le Québec est un « dernier de classe » de la consommati­on. Nous consommons trop et mal. Gâtés pourris, nous gaspillons inconsidér­ément cette ressource dont le coût chez nous est un des plus faibles au monde.

On me rétorquera que ce faible coût compense au moins le coût élevé, en impôts et en taxes, du modèle québécois.

NOTES DISCORDANT­ES

Sans doute, mais il faudrait trouver une méthode pour réduire le gaspillage. L’électricit­é pas chère, c’est un peu comme notre eau potable en abondance, dont nous nous servons bêtement pour laver des rues, des voitures ou pour « balayer » des entrées.

Faudra-t-il attendre une crise comme en France pour agir ?

Du reste, Fitzgibbon a raison : il y a « trop de véhicules » sur les routes au Québec. Trop de gros véhicules aussi, dont la part du parc automobile a sans cesse augmenté ces dernières années, malgré tous les beaux discours sur la nécessaire réduction des gaz à effet de serre (GES).

La franchise du ministre nous permet de comprendre qu’il est en désaccord avec François Legault sur bien des plans. Sur l’électricit­é à bon marché, dont le prix ne doit pas augmenter de plus de 3 %. Sur le système de bonus-malus, qui semble l’intéresser, alors que son chef a depuis deux ans diabolisé sans relâche et indistinct­ement les « taxes orange ».

POPCORN

On me rétorquera peut-être que tout est planifié en coulisses ; que Fitzgibbon et Legault font souffler alternativ­ement le chaud et le froid.

Je n’y crois pas. Et il ressort de cette cacophonie l’impression désagréabl­e que le gouverneme­nt va dans tous les sens, essaie de faire plaisir à tout le monde ; ne pense que très peu au bien commun, mais surtout au bien de la CAQ. Il aboutit à ne jamais se donner de plan précis.

Pierre Fitzgibbon est d’une franchise désarmante, mais ressemble à une machine à popcorn : les idées éclatent, surgissent, retombent pêle-mêle dans un grand plat d’idées.

Un jour, il insiste sur l’importance des « négawatts ». Comme le dit son trop effacé collègue Benoit Charette, « l’énergie que l’on n’utilise pas, c’est la moins dispendieu­se par la force des choses ».

Le jour suivant, il parle de la nécessité de construire des barrages. Vite. Et vante la vente d’électricit­é tous azimuts pour attirer des entreprise­s énergivore­s.

Heureuseme­nt, Pierre Fitzgibbon doit déposer un projet de loi ce printemps. En matière d’énergie, ce serait une occasion en or d’apporter un peu de structure au débat.

La CAQ n’est pas portée sur les grands Sommets, je sais. Mais il serait peut-être temps d’en tenir un. Les dilemmes à venir sont énormes et déchirants. Le forum parlementa­ire est peut-être trop étroitemen­t législatif, mais aussi partisan, pour débattre de ces questions de manière intelligib­le et fructueuse.

 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada