Mieux outiller la police pour les crises
La mort de Maureen Breau était évitable, affirme un spécialiste
AGENCE QMI | En outillant mieux les policiers pour les interventions auprès de personnes en crise, il aurait été possible d’empêcher le décès de l’agente Maureen Breau, décédée en service à Louiseville l’an dernier, estime un spécialiste de l’usage de la force.
« On aurait été capable de sauver la vie de Maureen Breau », a assuré sans détour Stéphane Wall, superviseur retraité du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), aux audiences publiques de la coroner Géhane Kamel devant faire la lumière sur les événements du 27 mars 2023.
Pour lui, si les recommandations contenues dans les rapports de coroner depuis 15 ans avaient été mises en application, le drame qui a coûté la vie à Maureen Breau et Isaac Brouillard Lessard aurait pu être évité.
« On répète toujours les mêmes choses. C’est presque toujours relié à la vigilance, l’analyse du risque, la préparation mentale qui est déficiente, pas assez d’entraînement, la désescalade, la communication, les stratégies. »
Dans son rapport, la CNESST pointait quatre lacunes qui ont contribué au drame : le manque de formation, de planification, de mauvais outils pour évaluer le risque et un manque de supervision. Pour M. Wall, la méthode appliquée à Montréal aurait comblé tous ces manques.
« Si, dès 2020, ça avait appliqué dans différentes organisations policières dont la Sûreté du Québec, possiblement que ça ne serait pas arrivé », juge-t-il.
L’ancien policier a ainsi soumis sept propositions à la coroner qui pourraient être appliquées à la Sûreté du Québec. La plus importante concerne le maintien des compétences.
DIFFICILE À GÉRER
Le maire de Louiseville, Yvon Deshaies, a témoigné de la situation de plus en plus difficile à gérer pour sa municipalité.
« Ces gens-là ont besoin d’aide. Ils sont tout seuls dans une chambre, ça n’a pas de bon sens ! »
De son côté, le directeur général de la Ville de Louiseville, Yvon Douville, a formulé le souhait de voir davantage de logements adaptés et encadrés pour ce type de clientèle. Un projet d’une quinzaine de logements à Louiseville était d’ailleurs dans les cartons de l’Office municipal d’habitation, mais a été abandonné faute de moyens.
Un consultant en intervention de crise, aussi retraité du SPVM, y est allé de recommandations. La première est d’impliquer davantage les familles, qui, selon Michael Arruda, sont celles qui connaissent le mieux l’usager.
« C’est eux qui vivent avec la personne en question, qui voient la manifestation des symptômes, eux qui sont obligés de faire des démarches. »