Une quinzaine de corps retrouvés près de Port-au-Prince
AFP | Quatorze corps sans vie ont été retrouvés hier dans une banlieue aisée de Port-au-Prince où des membres de gangs ont mené des attaques dès l’aube, au moment où les Haïtiens attendent la mise en place d’autorités de transition dont la finalisation pourrait être imminente selon les États-Unis.
Un photographe de l’AFP a compté 14 dépouilles à Pétion-Ville, commune située en banlieue de Port-au-Prince. Deux habitants ont dit en avoir vu une dizaine, sans pouvoir dire dans quelles circonstances ces personnes avaient été tuées.
Mais ils ont affirmé que des « bandits armés » semaient la terreur depuis l’aube à Laboule et Thomassin, deux quartiers de Pétion-Ville. Ils ont attaqué une banque, une station essence et des résidences privées, ont-ils précisé.
« Ils sont venus tous cagoulés dans leurs voitures, sur des motocyclettes, avec leur propre ambulance, puis ils ont massacré la population de Pétion-Ville », a raconté Vincent Jean Robert, un résident.
Parmi les maisons vandalisées figure celle d’un juge, qui a pu évacuer les lieux de justesse grâce à une intervention policière, a dit l’un de ses proches.
RETARD
Haïti, qui vivait déjà une profonde crise politique et sécuritaire, est en proie à un regain de violences depuis le début du mois, lorsque plusieurs gangs ont uni leurs forces pour attaquer des lieux stratégiques de Port-au-Prince dans le cadre d’une lutte contre le premier ministre Ariel Henry.
Très contesté, ce dernier n’a pas pu regagner son pays après un déplacement au Kenya. Il a annoncé sa démission lundi dernier, affirmant que son gouvernement gérerait les affaires jusqu’à la mise en place d’un conseil présidentiel de transition.
Lors d’une réunion d’urgence le même jour avec des représentants d’Haïti, de l’ONU et des États-Unis entre autres, la Communauté des Caraïbes (Caricom) et ses partenaires ont chargé des partis politiques et le secteur privé haïtiens de mettre sur pied ces autorités transitoires.
Mais les négociations pour former cet organe de sept membres votants ont pris du retard, butant sur des dissensions internes.
Après des discussions houleuses, les membres du collectif du 21 décembre, le groupe qui a soutenu Ariel Henry, ont réussi à se mettre d’accord sur le nom de l’ancien sénateur Louis Gérald Gilles pour les représenter au conseil, a indiqué une source impliquée dans les négociations.
Le département d’État américain a affirmé que les parties prenantes en Haïti étaient « très proches de finaliser la composition » du conseil, disant « attendre des nouvelles de leur part dès aujourd’hui ».