Des centaines de dollars en frais bancaires que vous payez en trop
Il y a quelque chose d’anormal dans le fait de payer 4 $ pour retirer 20 $ au guichet automatique. Cela n’a rien à voir avec le coût de l’opération : c’est une pratique qui n’est possible qu’en raison de la forte concentration du milieu bancaire au Canada.
Selon une étude d’ING Direct, les Canadiens paient, en moyenne, plus de 200 $ par année en frais bancaires courants, en plus des dizaines de milliers de dollars que certains paient en intérêts sur leurs hypothèques, prêts personnels et cartes de crédit.
Un rapport de North Economics a d’ailleurs comparé le Canada à l’Australie et à la Grand Bretagne et conclut que les Canadiens paient 7,7 milliards de dollars de frais « en trop » chaque année.
« Les banques canadiennes ont fait un très bon travail à extraire le plus de frais possible aux gens », écrit l’auteur du rapport, Alain de Bossart.
Malgré les profits records annoncés par les institutions financières depuis la pandémie, les frais bancaires n’ont pas baissé. Au contraire, ils ont continué d’augmenter, de près de 15 % en 2023 et de plus de 20 % depuis deux ans. « L’inflation », vous comprenez. Mais quelle inflation au juste ?
DU PROFIT PUR
Aujourd’hui, alors que la majorité des transactions courantes sont numériques, le coût « marginal » d’une simple opération bancaire est zéro.
Bien entendu, les banques doivent payer des bureaux, des salaires et de nombreux autres frais d’exploitation. Mais l’augmentation rapide du taux directeur, qui a mené les taux hypothécaires nettement au-dessus de 5 %, n’a pas été compensée par une augmentation de l’intérêt sur l’épargne. Comme leurs plus récents résultats financiers l’ont démontré, les profits des banques explosent, et les frais… explosent aussi.
Les banques se graissent donc la patte des deux côtés, sans contrepartie réelle pour l’économie ni pour leurs clients.
Cela rappelle l’époque où les entreprises de télécommunication facturaient à leurs clients 0,10 $ pour envoyer un SMS.
Une vraie farce.
LES RENTIERS LÉGITIMES
Les banques jouent un rôle absolument crucial dans l’économie du Québec et du Canada.
Pour ceux et celles qui réussissent à épargner, les banques fournissent des opportunités de placement qui font fructifier le vieux gagné.
Pour les autres, qui souhaitent financer leur maison, leur voiture, leurs électroménagers ou leurs projets d’affaires, la banque fournit aujourd’hui les dollars qui manquent, avec des intérêts évidemment.
Le problème, c’est que cette réallocation des dollars entre les détenteurs et les demandeurs, si elle est nécessaire, ne crée rien.
En économie, on appelle cela une rente : une capture de richesse liée à une position privilégiée d’intermédiaire, sans prise de risque ni création de valeur additionnelle.
Chaque fois que les institutions financières croissent plus rapidement que le PIB, cela veut dire que cette économie de rentiers vient « prendre » à l’économie de la richesse au détriment des activités réelles.
On n’imaginerait pas une économie faite à 100 % d’institutions financières; il ne resterait plus personne pour « faire » quoi que ce soit.
Il faut donc demeurer très attentif à cette capture de la richesse par un très petit groupe d’institutions privilégiées – les banques –, au risque sinon d’étouffer les véritables moteurs de notre économie.
Aujourd’hui, alors que la majorité des transactions courantes sont numériques, le coût « marginal » d’une simple opération bancaire est zéro