Le Journal de Montreal

Marquées à vie par ces heures de pure horreur

- ERIKA AUBIN

Rage, sentiment d’insécurité, troubles anxieux : les trois femmes agressées sexuelleme­nt restent marquées au fer rouge.

Une victime de James José Valbuena Reyes avait depuis peu fui « le danger vécu dans son pays », le Salvador, lorsqu’elle est tombée dans ses griffes.

« Elle avait l’impression qu’ici tout le monde était bon », a souligné la juge Louise Leduc mardi au palais de justice de Longueuil.

À la recherche d’un emploi, la femme a vu une publicatio­n en mars 2020. Infirmière dans son pays, elle est venue faire le ménage à deux reprises chez l’agresseur. Celui-ci vivait au sous-sol d’une maison habitée par sa mère et son frère.

Mais la troisième fois, Valbuena Reyes lui a proposé un verre de quelque chose qui s’apparentai­t à du vin. Elle s’est sentie un peu étourdie.

Lorsqu’elle était rendue à nettoyer sa chambre, il est entré et l’a poussée sur le lit. Et même si elle lui disait non, il a assouvi ses bas instincts. Il l’a reconduite chez elle et lui a donné 40 $ de plus pour son boulot.

30 $ POUR SA DOCILITÉ

Deux jours plus tard, elle est retournée chez lui puisqu’elle « avait tellement besoin de travailler ». Il a répété le même manège et cette fois, il lui a laissé 30 $ de plus parce qu’elle « s’était bien comportée ».

Depuis l’agression, « tout a disparu » pour elle. Son mariage s’est écroulé.

« Elle a de l’agressivit­é, elle pleure beaucoup, elle n’a plus une vie normale, elle souffre de troubles anxieux », a dit la juge en résumant le témoignage de la victime lors des observatio­ns sur la peine.

REMORDS ET DÉGOÛT

La femme agressée en mai 2021 éprouve encore des remords d’avoir accepté de rencontrer cet individu, a-t-elle raconté en espagnol.

« Elle a de la difficulté à faire confiance aux employeurs et craint qu’on lui fasse du mal à nouveau. Elle ne se sent pas en sécurité », a rappelé la magistrate mardi.

La troisième victime ressent pour sa part de la rage et de la peur.

« J’ai commencé à éprouver du dégoût pour les hommes », a-t-elle dit dans une déclaratio­n déposée à la Cour.

Elle ne tolère plus l’odeur du parfum d’un homme. Elle a également de la difficulté à marcher seule dans la rue.

« Si l’anxiété est un état psychoémot­ionnel, elle se manifeste physiqueme­nt. Depuis ce jour, j’ai une sensation d’inconfort entre mon estomac et mon oesophage, comme si j’avais envie de vomir tout le temps », a-t-elle laissé tomber.

Newspapers in French

Newspapers from Canada