Le Journal de Montreal

Blâmé par l’Assemblée nationale, il n’aura jamais eu d’excuses

- GENEVIÈVE LAJOIE Bureau parlementa­ire

Yves Michaud a rendu l’âme sans avoir obtenu d’excuses de l’Assemblée nationale pour une motion de blâme à son endroit, prononcée il y a plus de 20 ans.

« Il ne méritait pas ça, s’est désolé hier le député péquiste Pascal Bérubé. C’est une tache, cette motion, qui n’aurait jamais dû être rédigée, encore moins adoptée, qui aurait dû être réparée. »

Le 14 décembre 2000, alors qu’Yves Michaud lorgne l’investitur­e du Parti Québécois dans la circonscri­ption de Mercier, les députés adoptent à l’unanimité et sans débat une motion le condamnant pour des propos supposémen­t antisémite­s.

Les parlementa­ires lui reprochent alors des déclaratio­ns tenues la veille, durant les États généraux sur le français à Montréal, où Yves Michaud fait un parallèle entre la communauté juive et la souveraine­té du Québec.

« MOTION SCÉLÉRATE »

L’homme a toujours clamé n’avoir rien à se reprocher. Blessé par cette « motion scélérate », il a tenté à plusieurs reprises d’obtenir réparation, sans succès.

L’ancien ministre Paul Bégin a lui aussi lancé un mouvement d’excuses à Yves Michaud en 2011.

Depuis, bon nombre de politicien­s ayant appuyé le blâme, comme Pauline Marois, l’ex-ministre péquiste Louise Beaudoin ou le libéral JeanMarc Fournier, se sont amendés. Mais pas l’Assemblée nationale.

En 2020, la CAQ a refusé le dépôt d’une motion d’excuses parrainée par le député Bérubé.

Dans une entrevue à La Presse, Yves Michaud avait alors hurlé son désespoir. « Après toutes ces années, oui. J’ai beau crier, j’ai beau faire tout ce qu’il m’est possible de faire, à 90 ans, c’est lourd. J’ai l’impression que je vais emporter cette saloperie dans ma tombe », avait-il déclaré.

UNE ERREUR

Le député péquiste de Matane est déçu de la tournure des événements.

« J’aurais aimé pouvoir réparer ça de son vivant, confie le politicien. C’était une erreur, c’était une motion qui n’aurait jamais dû se retrouver au feuilleton. »

Son chef, Paul St-Pierre Plamondon, déplore cette « injustice » qui a malheureus­ement « assombri » une carrière bien remplie au service du Québec.

« Il a été délégué du Québec à Paris, il a été rédacteur du journal Le jour, on l’appelait Robin des banques parce qu’il défendait notamment les petits investisse­urs », a-t-il rappelé.

Le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, admet que le Parlement québécois aurait dû s’excuser. « Mais je n’entrerai pas dans ce débat-là », a-t-il glissé hier aux journalist­es.

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