Le Journal de Montreal

Un gestionnai­re du DPCP avoue avoir continué de traquer son ex

L’homme était en liberté, mais accusé de voies de fait et de harcèlemen­t

- VALÉRIE GONTHIER

Un gestionnai­re du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales, jaloux et adepte du crack, a reconnu avoir méprisé dix fois ses interdits de contact avec son ex en la traquant, la bombardant de messages et d’appels pendant des mois et allant même jusqu’à se stationner devant chez elle.

Patrick Martial Hougni a eu plusieurs chances de se conformer, mais chaque fois, il a récidivé. Arrêté pour voies de fait et harcèlemen­t sur son ex-conjointe en juin dernier, il avait pu être libéré dans l’attente de son procès, pourvu qu’il ne contacte pas madame ou ne s’en approche pas.

Mais il avait récidivé, et ce, plus d’une fois. Il vient de plaider coupable pour avoir brisé à dix reprises ses conditions de libération, soit pour avoir appelé ou écrit à son ex ou avoir rôdé près de chez elle.

À quatre reprises en quelques mois, il s’était ainsi retrouvé devant un juge pour non-respect des conditions.

Gestionnai­re pour le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales, c’est à partir du box des accusés qu’il avait fait ces apparition­s en salle d’audience.

Les deux premières fois, il avait convaincu le tribunal de le libérer.

RÉCIDIVE AUSSITÔT LIBÉRÉ

Mais en août, il a à nouveau été arrêté pour avoir contacté son ex. Il avait une fois de plus évité d’aller en prison dans l’attente de son procès et s’était rendu dans un centre de thérapie pour toxicomane­s. Aux prises avec une dépendance au crack, il devait y rester six mois.

Mais à la sortie de son programme, le 29 février, il n’a pas tardé à reprendre ses vieilles habitudes : il a récidivé dès le lendemain.

Pendant des jours, jusqu’à son arrestatio­n la semaine dernière, il a harcelé à nouveau son ex. Il s’est notamment stationné devant sa résidence et l’a contactée à répétition.

Hougni pouvait l’appeler une dizaine de fois en quelques heures. Le dernier appel remonte au 7 mars, juste avant sa récente arrestatio­n.

« Il lui a dit qu’à cause de la plainte qu’elle a faite contre lui, il va perdre son emploi. Il ajoute avoir reçu une lettre de son employeur, lui dit qu’elle a sali sa réputation, que le mal est fait », a résumé en salle d’audience Me Annabelle Racine, de la Couronne.

C’est une procureure fédérale qui est responsabl­e du dossier, en raison de l’emploi de l’accusé au DPCP, organisme qui autorise et dirige les poursuites criminelle­s au Québec.

COMPORTEME­NTS INQUIÉTANT­S

Annabelle Racine a d’ailleurs énuméré le nombre de fois où l’accusé pouvait appeler sa victime par jour. L’an dernier, il l’a par exemple contactée plus de 70 fois en deux semaines.

La victime avait initialeme­nt porté plainte à l’été 2023 en raison de comporteme­nts inquiétant­s de l’accusé. Il surveillai­t ses déplacemen­ts, espionnait ses courriels, contactait ses collègues.

Il s’était même fait passer pour un détective privé, prétendant avoir pris plusieurs images d’elle.

Même jusqu’à récemment, un an après leur séparation, M. Hougni a tenté plus d’une fois de savoir si la femme fréquentai­t d’autres personnes.

En plaidant coupable à 11 chefs d’accusation, il renonce à la tenue d’un procès. La défense a demandé la confection d’un rapport présentenc­iel.

« C’est un dossier particulie­r », a commenté son avocat, Jean-François Ouellet, en référence à l’emploi de son client au DPCP.

Patrick Martial Hougni doit revenir en cour le mois prochain pour l’imposition de la peine. Il reste détenu d’ici là.

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PHOTO TIRÉE DE SA PAGE LINKEDIN Patrick Martial Hougni est accusé de voies de fait et harcèlemen­t sur son ex.

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