Le Journal de Montreal

L’industrie du crabe des neiges en péril

Les nouvelles règles de visa pour les travailleu­rs mexicains menacent plusieurs usines des Îles-de-la-Madeleine

- PATRICK BELLEROSE

Après la crevette de Matane, la transforma­tion du crabe des neiges pourrait être mise en péril à cause des visas imposés par Ottawa aux travailleu­rs mexicains.

Sur 218 travailleu­rs attendus pour faire rouler l’industrie de la pêche aux Îlesde-la-Madeleine, près de 75 % sont présenteme­nt bloqués au Mexique, affirme le député de la circonscri­ption locale, le péquiste Joël Arseneau.

C’est que l’imposition par Ottawa de visas de séjour aux résidents du Mexique, en réponse aux demandes de Québec pour réduire l’afflux de demandeurs d’asile, crée un casse-tête pour les employeurs cette année.

DÉLAIS TROP COURTS

Le traitement des demandes de visas nécessiter­a un délai de quatre à six semaines.

« Évidemment, dans quatre à six semaines, la pêche, elle, est terminée », souligne M. Arseneau, en expliquant que, l’an prochain, les employeurs auront le temps de prévoir le coup.

MANQUE DE PLANIFICAT­ION

En début de semaine, l’usine de transforma­tion Les Fruits de mer de l’Est, à

Matane, dans le Bas-Saint-Laurent, a dû fermer ses portes à cause de la baisse des quotas de crevettes et de la difficulté de trouver des employés depuis l’imposition des nouveaux visas mexicains.

Interpellé­e dans les corridors de l’Assemblée nationale, la ministre de l’Immigratio­n Christine Fréchette critique le manque de planificat­ion de la part du gouverneme­nt fédéral.

« On se serait attendu à ce que le fédéral prépare davantage cette mesure-là d’imposition d’un visa mexicain, qu’il l’ait planifiée davantage, parce que ça fait des mois qu’on en discute. C’est à lui de rectifier le tir parce qu’il n’a pas suffisamme­nt bien préparé la mesure », a déclaré la ministre Fréchette.

FERMETURES ?

Entretemps, les usines de transforma­tion des Îles-de-la-Madeleine, notamment pour la pêche au crabe des neiges qui commencera bientôt, pourraient aussi être forcées de fermer leurs portes, croit Joël Arseneau.

« Les débarqueme­nts vont devoir se faire ailleurs, dans les Maritimes, voire même aux États-Unis », note-t-il. « On ne peut pas concéder que nos usines au Québec vont fermer les unes après les autres. Après Matane, c’est les Îles-de-la-Madeleine, ensuite ce sera la Gaspésie. Le gouverneme­nt fédéral doit agir, il peut agir. »

« ÉVIDEMMENT, DANS QUATRE À SIX SEMAINES, LA PÊCHE, ELLE, EST TERMINÉE. »

– Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine

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PHOTO TIRÉE DE X, @JOEL_ARSENEAU Le député péquiste Joël Arseneau, lors d’un point de presse, à l’Assemblée nationale, plus tôt ce mois-ci.

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