Le Journal de Montreal

Moins importante parce qu’elle est une travailleu­se du sexe ?

La famille de la femme disparue depuis des mois dit avoir eu plus de réponses des motards que des policiers

- FRÉDÉRIQUE GIGUÈRE

Les proches d’une femme de 44 ans disparue depuis plus de deux mois craignent qu’il ne lui soit arrivé le pire et dénoncent le peu d’efforts déployés par la police de Montréal pour la retrouver.

Chantal Leclerc, une mère de cinq enfants, a été vue pour la dernière fois le 9 janvier, alors qu’elle visitait le père de son plus jeune enfant, rue Fullum, à Montréal. La famille n’a aucune raison de croire que son ex, avec qui elle est en bons termes, aurait pu lui vouloir du mal.

Chantal Leclerc a une vie difficile, admettent d’emblée sa soeur Sylvie, de qui elle est très proche, et sa fille aînée, Nève Léveillé-Leclerc. Elle n’a pas de domicile fixe, elle souffre de toxicomani­e et gagne sa vie comme travailleu­se du sexe.

« Mais nous on ne la juge pas, dit Sylvie Leclerc, qui remue ciel et terre pour retrouver sa petite soeur depuis des semaines. On l’aime et on la veut juste en sécurité. »

La famille a rapporté sa disparitio­n il y a trois semaines. Le délai s’explique par le fait qu’il n’est pas inhabituel pour Chantal Leclerc de ne pas donner de nouvelles pendant quelques semaines.

PAS PRIS AU SÉRIEUX

Mais, dès les premiers contacts avec la police de Montréal, Sylvie Leclerc a senti que son dossier ne serait pas pris au sérieux.

« C’est pas compliqué, aussitôt que je mentionne à quelqu’un qu’elle est escorte, le ton change et on semble banaliser la situation », dit-elle, exaspérée.

« Elle n’est pas une priorité et ils nous l’ont fait sentir, déplore Renée Daigle, une grande amie de la disparue. Peu importe ce qu’elle fait dans la vie, c’est un être humain qui mérite qu’on la retrouve. »

De nombreuses personnes n’ont même pas été contactées, comme ses enfants et l’agence où elle a travaillé pendant 20 ans et où elle travaillai­t encore dernièreme­nt, a pu confirmer Le Journal.

Malgré tout, Sylvie Leclerc fait tout ce qu’elle peut pour retrouver sa soeur.

« J’ai contacté des motards, les clubs de danseuses et les salons de massage. C’est pas drôle, j’ai eu plus de réponses avec eux qu’avec la police, ils ont été vraiment gentils », dit la quadragéna­ire, qui mène normalemen­t une vie plutôt rangée.

Malgré les demandes incessante­s des proches, la police refusait, jusqu’à récemment, de médiatiser la disparitio­n, allèguent les proches.

Au bout du compte, ça semble être l’attention médiatique qui a fait en sorte que la photo de Chantal Leclerc a été diffusée par la section des communicat­ions de la police.

Contactée par Le Journal jeudi, la police de Montréal a indiqué prendre la situation très au sérieux.

« Les enquêteurs sont en contact avec la famille de la disparue et de nombreuses démarches ont été effectuées à ce jour pour retrouver Mme Leclerc, que ce soit au niveau de la vérificati­on des endroits qu’elle fréquente, des hôpitaux, organismes ou tout autre lieu mentionné aux enquêteurs », a indiqué la police par courriel.

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PHOTO AGENCE QMI, MARIO BEAUREGARD La soeur et la fille de Chantal Leclerc, Sylvie Leclerc et Nève Léveillé-Leclerc, hier à Montréal.

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