La situation à Port-au-Prince est « extrêmement alarmante »
Les gangs étendent leur emprise en Haïti, où la transition se fait attendre
AFP | Les gangs armés étendent encore leur emprise sur la capitale Port-au-Prince, a averti hier la coordinatrice spéciale de l’ONU en Haïti, au moment où les négociations en vue de former des autorités de transition à la tête du pays semblent en passe d’aboutir.
« Au cours des derniers jours, les gangs ont avancé dans de nouvelles zones de la capitale », a déclaré hier Ulrika Richardson, coordinatrice humanitaire de l’ONU pour le pays, lors d’un point presse vidéo depuis Haïti, décrivant une situation « extrêmement alarmante ».
Le quotidien des habitants est fait de « barrages routiers, coups de feu et beaucoup de tension dans les rues », a-t-elle décrit, ajoutant qu’« un très grand nombre de personnes ont dû fuir leur quartier » à mesure que les gangs avançaient.
Ces bandes armées contrôlaient déjà, en 2023, 80 % de Port-au-Prince, selon l’ONU.
Après une matinée relativement calme, des tirs ont résonné hier après-midi dans le centre-ville de la capitale et en banlieue, à Pétion-Ville, selon des habitants.
La police nationale haïtienne (PNH) a annoncé dans la soirée hier la mort du chef de gang « Ti Grèg », qui s’était évadé de prison début mars.
Patron du gang Delmas 95, Ernst Julmé « a été mortellement blessé lors d’un affrontement [hier] après-midi avec des unités de la PNH à Delmas », près de la capitale, a indiqué la police sur sa page Facebook.
Le début de semaine avait notamment été marqué par des affrontements à PétionVille, banlieue aisée de Port-au-Prince. Des hommes armés ont tenté mardi soir et mercredi de prendre le contrôle de plusieurs quartiers de cette commune, où quatorze corps sans vie ont été retrouvés lundi.
CONSEIL DE TRANSITION
Les États-Unis ont annoncé avoir évacué 90 de leurs ressortissants hier grâce à un avion spécialement affrété qui est parti de Cap-Haïtien au nord du pays pour rejoindre Miami ainsi qu’un hélicoptère qui a réalisé des vols entre Port-au-Prince et la République dominicaine voisine.
Haïti, qui vivait déjà une profonde crise politique et sécuritaire, est en proie à un regain de violences depuis le début du mois, lorsque plusieurs gangs ont uni leurs forces pour attaquer des lieux stratégiques de Port-au-Prince, disant vouloir renverser le premier ministre Ariel Henry.
Très contesté, ce dernier a accepté de démissionner le 11 mars. Le même jour, plusieurs pays et organisations comme la Communauté des Caraïbes (Caricom) s’étaient réunis d’urgence en Jamaïque.
Un futur conseil présidentiel de transition avait été annoncé à l’issue de la réunion. Après plusieurs jours de négociations tumultueuses, chaque groupe s’est accordé hier sur un choix de représentant. Aucune annonce formelle n’a toutefois été effectuée.