UN ÉLÉGANT COLOSSE
Cet espoir de 6 pieds 6 pouces joue dans une école secondaire en Ontario et pourrait être repêché en première ronde
Joueur de centre de 6 pieds 6 pouces évoluant au St. Andrew’s College, un prep school en Ontario, Dean Letourneau représente le casse-tête du repêchage. Les recruteurs auront envie de le sélectionner vers la fin du premier tour, mais la réflexion ne sera pas si simple.
Les limites du potentiel de ce géant étant difficiles à mesurer et le fait qu’il n’évolue pas dans l’un des plus grands circuits en importance comme le junior majeur canadien ou la USHL compliquent son évaluation.
S’il fallait, par contre, que Letourneau s’avère être un Tage Thompson...
« Avec cette portée, ce niveau d’habiletés et ce coup de patin, on pourrait certainement comparer les deux joueurs », affirme l’entraîneur-chef de St. Andrew’s College, David Manning, en entrevue avec le TVASports.ca.
Avec 127 points, dont 61 buts, en 56 matchs, Letourneau a établi le record de production de l’école sur une saison. Mais quelle importance accorder à un tel rendement contre des joueurs d’école secondaire ? Letourneau a joué deux matchs dans la USHL cette saison et été blanchi ; un mince échantillon.
« Les recruteurs de la LNH sont confus, expliquait le très réputé Bob McKenzie au mois de janvier. Quelques recruteurs l’ont dans leur top 10 ou top 15 et plusieurs autres le classent plutôt au deuxième ou troisième tour. »
« Les dépisteurs américains sont habitués à la réalité des prep schools, de l’USHL et des différentes universités, nuance de son côté David Manning. Ils s’adaptent à la pluralité des ligues et, en ce sens, ils sont mieux outillés que les autres. Il y a des équipes en Ontario qui nous accordent la même importance qu’une formation de la OHL. Je crois que, si tu es assez bon pour être repêché, tu seras repêché. »
UN GÉANT AGILE
La plupart des géants sur patins rencontrent des problèmes de coordination importants. Ça n’avait pas empêché Michael McCarron, d’être repêché au premier tour par les Canadiens avec un coup de patin moyen en 2013. Mais ce n’est qu’à 29 ans que McCarron s’est réellement établi dans la Ligue nationale de hockey, avec les Predators de Nashville.
Ce qui rend Letourneau plus intrigant que n’importe quel autre phénomène de son genre, c’est son atypique agilité. Sur la glace, il n’a pas l’air d’une girafe.
« J’ai toujours dit que c’était un gars de 6 pieds 6 qui joue comme s’il faisait 5 pieds 4, illustre Manning.
« Il a une fantastique touche avec la rondelle. Il peut faire les mêmes choses que les plus petits joueurs dans les espaces restreints. Il peut manipuler la rondelle proche de ses pieds, autour de son corps. La plupart des jeunes qui ont grandi autant, leur façon de se déplacer n’est pas très élégante. Ça n’a jamais été le cas avec lui. »
Le principal intéressé attribue cette agilité au fait qu’il a été initié à plusieurs disciplines sportives depuis son enfance. « Je pense que ça vient d’une combinaison de sports que j’ai pratiqués pendant ma jeunesse : le soccer, le basketball, le volleyball, le golf », confie Letourneau au téléphone.
LE DÉVELOPPEMENT AVANT TOUT
L’équipe qui optera pour Letourneau au repêchage ne peut s’attendre à ce qu’il fasse son arrivée dans la LNH avec fracas dans un an ou deux.
En fait, même s’il a signé sa lettre d’intention avec l’Université de Boston, Letourneau ne risque pas de jouer dans la NCAA avant 2025-2026.
« Au départ, j’ai choisi St. Andrew’s parce que j’avais besoin de temps pour me développer, révèle le jeune homme. À St. Andrew’s, je joue 20 minutes par match et dans toutes les situations. Ce n’était pas garanti dans la USHL cette saison. C’est l’an prochain que je rejoindrai la USHL et que je pourrai montrer ce que j’ai appris. »
Il y a encore beaucoup de place à l’amélioration dans le jeu de Letourneau. On pourrait l’entendre de façon négative, mais pour les recruteurs, cela rime avec potentiel.
« Une partie de son jeu qui peut être débloquée, c’est son implication physique, observe Manning. Il apprend encore à utiliser son gros gabarit et, ça, ça fait peur. Il apprend à jouer gros. Je vois un joueur qui est compétitif. Il n’évite pas les contacts. Il a simplement une identité d’attaquant talentueux. »
AVEC LE CHOIX DES JETS ?
« C’est quelque chose que j’essaie d’intégrer à mon jeu, reconnaît Letourneau. C’est difficile parce que dans ma ligue, je frappe souvent la tête des joueurs adverses malgré moi en raison de ma grandeur. Quand j’ai joué quelques matchs dans la USHL, j’ai pu être plus physique. Je savais que les joueurs étaient plus gros et que moins de pénalités étaient appelées pour ce genre de jeux. J’ai pu frapper davantage. J’ai hâte d’amener ça sur la table l’an prochain. »
Bien que Letourneau ne sera évidemment pas une option pour le Tricolore avec son premier choix, il pourrait très bien être considéré lorsque Kent Hughes s’avancera sur le podium avec la sélection de premier tour que les Jets de Winnipeg ont offerte en retour de Sean Monahan.
« MONTRÉAL EST COOL »
Le CH, rappelons-le, est dans une situation où il est avantageux de privilégier des joueurs de l’Europe ou des États-Unis. Avec beaucoup d’espoirs dans son bassin et une limite de 50 contrats à respecter, l’équipe bénéficie d’une plus grande fenêtre pour mettre les joueurs sous contrat lorsque ceux-ci ne proviennent pas du junior majeur canadien.
« Montréal est cool, mentionne Letourneau. J’aime regarder jouer Cole Caufield. J’observe la façon dont il lance la rondelle. J’ai rempli un questionnaire par courriel pour le Canadien et je leur ai parlé une fois en personne. »
Mais sera-t-il repêché au premier tour ou bien plus tard dans le repêchage ? Tous les paris sont permis.
« Je n’y pense pas trop, assure Létourneau. Ce serait cool si ça arrive, mais mon seul objectif est de jouer longtemps dans la LNH. [...] J’espère y arriver dans quelques années. »