Le Journal de Montreal

MISE EN ÉCHEC CONTRE LES REVENDEURS

À Buffalo, certains devront se procurer une licence coûteuse s’ils désirent poursuivre leurs activités

- Jessica.lapinski@quebecorme­dia.com

Afin de réduire la revente massive de billets pour leurs matchs, les Sabres de Buffalo ont mis en garde certains de leurs abonnés de saison dans les derniers jours : s’ils désirent revendre une grande partie de leurs billets pour la prochaine campagne, ils devront au préalable se procurer une licence de l’État pour pas moins de 5000 $.

La mesure, rapportée par le Buffalo News, est en lien avec une loi visant à freiner les revendeurs qui demandent souvent des sommes exorbitant­es pour leurs billets lorsqu’ils les remettent sur le marché.

Celle-ci est en vigueur dans l’État de New York depuis deux ans.

Seule une très faible proportion des détenteurs d’abonnement­s de saison des Sabres – 1 %, selon le Sports Business Journal – ont reçu l’avertissem­ent de l’organisati­on. Celle-ci attire en moyenne 16 000 spectateur­s à ses matchs depuis le début de la campagne 2023-2024 (sur une possibilit­é de plus de 19 000).

Mais ce n’est pas la première fois qu’un club de l’État tente de diminuer la revente, et ce, même avant l’adoption du règlement.

L’an dernier, Madison Square Garden Sports (MSG), propriétai­re des Rangers et des Knicks, dans la NBA, a eu gain de cause sur une vingtaine de revendeurs qui avaient intenté une poursuite en justice contre lui, en 2021.

Ils accusaient MSG de les empêcher de renouveler leur abonnement de saison, disant que l’entreprise cherchait par le fait même à « augmenter [ses] propres profits » (voir autre texte).

PAS LE MÊME LEVIER AU QUÉBEC

Mais, même si le marché québécois est loin d’être étranger à ce phénomène (on se souvient des billets pour la première visite de Connor Bedard chez le Canadien, dont certains étaient en revente à... 2000 $), les équipes d’ici n’ont pas le levier juridique pour y aller de telles mesures contre les revendeurs.

Depuis 2012, la loi en vigueur au Québec stipule que la revente de billets pour un événement sportif ou culturel à un prix supérieur à celui autorisé par le producteur de l’événement est interdite.

Mais elle ne touche pas la revente entre deux consommate­urs qui feraient une transactio­n entre eux, par l’entremise, par exemple, de Marketplac­e.

UNE LOI POUR LES ENTREPRISE­S

La loi cible plutôt les entreprise­s – surtout les plateforme­s de revente – qui pourraient sans elle acheter en toute légalité un nombre important de billets pour un événement lors de leur mise en vente et les redistribu­er à un prix plus élevé, explique Alexis Perron-Brault, professeur au Départemen­t de marketing de l’UQAM.

La revente par l’entremise de plateforme­s telles que Ticketmast­er, avec qui la LNH est engagée depuis 2007, est cependant tout à fait légale. Et ce, même à un prix plus élevé que celui demandé à la base.

« Des fois, on voit des billets plus chers parce que le Canadien, par exemple, dit à Ticketmast­er : “C’est correct si vous voulez revendre les billets deux fois plus cher.” Ils ont des ententes », pointe le professeur Perron-Brault.

UNE REVENTE QUI RAPPORTE

Et ces ententes ont plusieurs avantages pour les organisati­ons, note-t-il. Comme les billets sont vendus à l’origine par l’entremise de Ticketmast­er, il est plus facile de s’assurer qu’ils ne sont pas falsifiés.

Mais, aussi, les clubs perçoivent une partie des frais perçus par Ticketmast­er lors de la revente.

« Le revendeur dans la rue, lui, ne paye pas de frais de service, souligne Alexis Perron-Brault. C’est donc intéressan­t pour l’entreprise, mais moins pour le consommate­ur. »

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Connor Clifton, des Sabres, mettant en échec Blake Wheeler, des Rangers, durant un match présenté au KeyBank Center de Buffalo, le 12 octobre.
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