Le Journal de Montreal

Un harceleur la retrouve après 15 ans

L’homme vient d’être condamné pour ses démarches après le retour au pays de la victime qui avait fui

- LAURENT LAVOIE

Un harceleur de Saint-Eustache dans les Laurentide­s qui a traqué une femme près de 15 ans après l’avoir tourmentée au point où elle avait quitté le pays évite la prison, mais devra traîner un casier criminel.

Tout récemment au palais de justice de Montréal, le tribunal a imposé à Alain Latendress­e une condamnati­on avec sursis impliquant trois ans de probation.

L’homme de 54 ans devra respecter diverses conditions, dont celle de ne pas communique­r avec la victime ou de s’en approcher, sans quoi il pourrait de nouveau avoir affaire avec la justice.

Le juge Dennis Galiatsato­s voulait d’ailleurs assurer la sécurité de la victime en infligeant cette peine.

Mentionnon­s que l’accusé a été condamné pour ses démarches visant à entrer en contact avec la plaignante en 2021, et non pour l’acharnemen­t dont il avait fait preuve à son endroit près de 15 ans auparavant.

Ce contexte « rendait l’exercice plus difficile, parce qu’il faut le considérer, mais pas le “sentencer” pour ça », a indiqué au Journal le procureur du ministère public, Me Thierry Sabourin.

« C’est un dossier qui est particulie­r pour ça », souligne-t-il.

Il s’agit du point final à une histoire troublante qui a débuté en 2002, lorsque Latendress­e a fait la rencontre fortuite de Catherine Lambert, alors âgée de 22 ans, dans un autobus.

Mme Lambert a éventuelle­ment mis fin à leur fréquentat­ion qui a duré environ six mois, au grand dam de l’accusé.

INTENSE ET INTRUSIF

Pendant les trois années qui ont suivi, Latendress­e l’a traquée de « manière intense et très intrusive », avait-on relaté en cour.

Il suivait la victime jusqu’à un arrêt de bus près de son domicile, au métro, et jusqu’à son travail.

L’accusé disait prévoir de déménager plus près de Mme Lambert, qu’il pouvait voir à l’intérieur de son domicile, et qu’il comptait envoyer son CV à l’hôpital où elle travaillai­t.

En 2006, Alain Latendress­e avait été arrêté, puis s’était engagé à ne pas troubler la paix publique.

Même après que les policiers eurent été contactés, il avait été aperçu au coin de la rue de la victime.

C’en était trop pour Catherine Lambert qui a quitté le pays, notamment en raison du comporteme­nt du délinquant.

La plaignante est revenue trois ans plus tard, tout en s’assurant de faire profil bas.

Elle avait par exemple choisi d’être absente sur les réseaux sociaux.

Son calvaire a toutefois repris de plus belle en 2021. Latendress­e était parvenu à la retrouver en fouillant le site internet de l’Ordre des infirmière­s et infirmiers du Québec.

Il avait appelé à son travail, en plus de déposer une lettre manuscrite chez une femme portant le même nom de famille que la victime, dans l’espoir de discuter de leur passé.

Latendress­e avait alors fait preuve d’« une audace et [d’]une bravade extrême », aux yeux du juge Galiatsato­s.

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PHOTO D’ARCHIVES, LAURENT LAVOIE Alain Latendress­e au palais de justice de Montréal en marge de son procès.

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