Fitzgibbon plus vert que QS ?
En pointant du doigt la consommation d’énergie déraisonnable des Québécois et le trop grand nombre de véhicules sur les routes, le superministre de l’Énergie a donné le vertige à son gouvernement. Traumatisé par le rejet de sa « taxe orange » de 2022, même QS marche sur des oeufs devant la sortie en règle de Pierre Fitzgibbon !
Les Québécois sont « les derniers de classe » de la sobriété énergétique, « on consomme mal », le véhicule est « le plus grand destructeur de valeurs »... Fitz a multiplié les formules coup de poing dans une entrevue accordée au Journal de samedi dernier, comme s’il voulait mitrailler les consciences.
Ses constats sont lucides à la veille d’un débat de société sur les façons de générer l’énergie dont le Québec aura besoin dans l’avenir.
Et il a utilisé des mots qui interpellent directement les citoyens, pour secouer une certaine somnolence.
Le gouvernement Legault aurait pu se réjouir de cette préparation des esprits.
Au contraire, en haut lieu, on se tenait le corps raide et les oreilles molles, craignant plutôt le ressac devant des propos pouvant être jugés moralisateurs.
Il est ahurissant de constater que le superministre titulaire de l’Économie imposerait visiblement un début de surtaxe pour les gros véhicules s’il n’en tenait qu’à lui, alors que son collègue de l’Environnement et le PM appuient sur les freins.
« C’est une question politique », a admis Fitzgibbon, qui a donc tourné les projecteurs vers les municipalités.
Le gouvernement caquiste a adopté une loi permettant aux villes de prélever une taxe sur l’immatriculation des véhicules, pouvant être modulée selon le poids, afin de financer leur transport en commun.
Ainsi, François Legault peut pavoiser qu’il n’augmente aucune taxe, et laisse le sale boulot aux maires.
DES ALLIÉS
Fitz a pourtant des alliés au Conseil des ministres.
À micro fermé, certains ne cachent pas qu’ils souhaiteraient voir leur gouvernement poser des gestes incitant les Québécois à se montrer plus responsables.
Québec solidaire aurait pu profiter de la parution du dossier du Journal et de la sortie de Fitz pour réclamer l’imposition d’une surtaxe, qu’il avait proposée à la campagne électorale de 2022.
GND DEVENU TIMIDE
Les champions autoproclamés de l’environnement ont plutôt gardé profil bas.
Gabriel Nadeau-Dubois et les autres députés prennent soin de ne plus se commettre.
Pourtant, lors de la dernière campagne, GND se disait « sincère » avec les électeurs en prévenant que « les véhicules ultra-polluants, si on en ajoute toujours plus, la planète va foutre le camp ».
François Legault a encore remis au visage de GND les « taxes orange » de
2022 jeudi, alors que le solidaire le questionnait sur l’absence de BAPE pour Northvolt.
« Québec solidaire n’a aucun respect pour les contribuables québécois, il n’a aucun respect pour la classe moyenne, il veut juste prendre plus d’argent dans leur portefeuille. »
QS a complètement raté sa chance de rallier les Québécois en proposant une surtaxe beaucoup trop élevée, qui aurait été imposée d’un seul coup, ce qui a fait dérailler sa campagne électorale.
Mais démoniser le principe comme le fait le chef caquiste, c’est irresponsable.
Sans déclarer la guerre à l’automobile, il faut amorcer des changements, de façon graduelle, de manière à favoriser l’adhésion des Québécois.
Pierre Fitzgibbon l’a compris. Il faudrait que son gouvernement l’assume.