Le Journal de Montreal

Mes parents m’ont enseigné le respect de l’autorité

- rodger.brulotte@quebecorme­dia.com

Yanick Jean, l’entraîneur-chef et directeur-gérant des Saguenéens de Chicoutimi, a établi cette saison une nouvelle marque de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ) lorsqu’il a remporté sa 590e victoire. Il a devancé ainsi Richard Martel qui l’avait engagé auparavant comme entraîneur adjoint. Sans aucun doute, les Saguenéens sont sa vie.

Enfant, il les suivait et les joueurs sont devenus ses héros. Ensuite, il a joué pour eux et il est devenu plus tard entraîneur-chef et directeur général de la formation. Son objectif principal est que les supporters soient fiers de leur équipe.

Il est prêt à écouter les offres des équipes profession­nelles, mais jamais au détriment de sa famille.

Le respect de l’autorité était important pour toi.

À l’école primaire, j’avais de bonnes notes, j’étais discipliné et surtout craintif de l’autorité.

Pourquoi « craintif de l’autorité » ?

Mes parents m’ont inculqué l’importance du respect de l’autorité. Alors le respect de l’autorité fait toujours partie de mes valeurs de vie. Jusqu’à l’âge de 9 ans, j’ai habité à Alma avant que mes parents, Laurier-Jean et Michèle, décident de déménager à Chicoutimi.

L’influence de tes parents.

Mon père a été contremaît­re pendant de nombreuses années à l’Alcan et ma mère a travaillé pendant 40 ans pour une banque ; elle dirigeait des employés. Ils m’ont enseigné les valeurs de la vie, surtout l’importance de la vie familiale.

Avais-tu beaucoup d’amis au secondaire ?

Non, car j’étais trop occupé à jouer au baseball et au hockey. L’été, je jouais au baseball, mais aussi au hockey, tout comme l’hiver dans la cour de mes voisins. J’ai pu compter sur un excellent entraîneur au hockey mineur, Carl Bouchard, dont le fils, Olivier, est un de mes entraîneur­s adjoints.

Les vacances estivales avec la famille.

Mon père louait une tente-roulotte et nous allions faire du camping, ou on allait en vacances à Old Orchard sans oublier nos voyages à Montréal pour assister à des matchs des Expos.

Tu excellais autant au baseball qu’au hockey.

J’ai eu la chance de jouer au baseball avec les Voyageurs de Jonquière de la LBJEQ et au hockey avec les Saguenéens de Chicoutimi de la LHJMQ. Juste avant la date du repêchage de la LNH, les dirigeants des Capitals de Washington m’ont demandé si j’allais arrêter de jouer au baseball si jamais ils me sélectionn­aient. La réponse fut oui.

« LES SAGUENÉENS DE CHICOUTIMI SONT MA VIE. » – Yanick Jean

Dans ta jeunesse, qui était ton joueur favori chez les Saguenéens ?

Nul autre que le réputé Marc Fortier, qui a connu une carrière exceptionn­elle. Avant son arrivée avec les Saguenéens, mes joueurs favoris étaient André Villeneuve et JeanMarc Richard, car, tout comme moi, ils étaient des défenseurs.

Te souviens-tu de ton premier match du Canadien au Forum ?

Comment pourrais-je l’oublier ! Patrick Roy, qui était ridiculisé par la foule et en colère contre l’entraîneur-chef Mario Tremblay, a annoncé subitement au président Ronald Corey que le Canadien et lui, c’était fini.

Tu as passé un été entier à Washington.

Les Capitals avaient invité leurs jeunes espoirs à s’entraîner. Cela m’a permis d’apprendre l’anglais, sans oublier que c’était la première fois de ma vie que j’habitais ailleurs qu’à Chicoutimi. Cependant, je ne croyais pas avoir le talent pour jouer dans la LNH.

La dernière saison de ta carrière comme joueur a été dans la East Coast League.

Je voulais apprendre à devenir un entraîneur sous les ordres de John Marks, à Greenville, qui m’a beaucoup aidé.

Ton jeune frère fait partie des Forces armées canadienne­s.

Les années passent rapidement, car il me semble qu’il n’y a pas si longtemps, il évoluait dans la catégorie atome au hockey, et moi, qui jouais dans la catégorie bantam, j’étais l’entraîneur adjoint au sein de son équipe qui était dirigée par notre oncle.

Ton frère a fait un séjour en Bosnie.

Il était affecté à des opérations de paix destinées à protéger la vie des civils et à permettre la réalisatio­n d’initiative­s de stabilisat­ion et de reconstruc­tion.

Avez-vous vécu des moments d’inquiétude ?

Par rapport à aujourd’hui, il n’y avait pas de communicat­ions quotidienn­es. C’était très angoissant de ne pas savoir ce que mon frère vivait.

Tes parents étaient de bons chauffeurs de taxi.

Et comment ! Ils conduisaie­nt continuell­ement mon frère et moi aussi bien à nos entraîneme­nts qu’à nos matchs.

Quel a été ton premier emploi et quelle a été ta première voiture ?

Mon premier emploi, j’étais pompiste à la station d’essence chez Sears et je n’avais que 12 ans. Quelques années plus tard, j’ai travaillé comme caissier à la Banque Royale.

Ta voiture !

Je pensais que tu avais oublié la question. Une Honda Prélude usagée de 10 ans. Je ne peux pas m’empêcher de rire, car aujourd’hui certains joueurs ont de meilleures voitures que leur entraîneur, dont moi.

Y avait-il une pression supplément­aire due au fait que tu jouais pour l’équipe dans la ville où tu as grandi ?

Au début de ma carrière junior, je ne ressentais aucune pression jusqu’au moment que j’ai été repêché par les Capitals de Washington. À compter du jour de mon repêchage, je me suis mis beaucoup de pression sur les épaules, car je ne voulais pas décevoir les gens de ma région.

À la fin de ta carrière de hockeyeur profession­nel, tu es retourné à l’université.

J’étais engagé comme responsabl­e des défenseurs à temps partiel avec les Saguenéens. Je me suis par la suite inscrit à l’université pour suivre des cours en psychologi­e et en activité physique.

Pourquoi ?

J’ai compris que je devais faire un ajustement majeur si je voulais diriger les jeunes d’aujourd’hui. C’est terminé l’époque où 20 joueurs devaient s’adapter à leur entraîneur. Aujourd’hui, c’est l’inverse : l’entraîneur doit s’ajuster à chaque joueur.

Ta conjointe, Annabel, a joué un rôle important dans ta vie.

Encore aujourd’hui, c’est une femme qui accepte de faire des sacrifices pour me permettre de poursuivre ma carrière. Elle a toujours été présente auprès de nos deux enfants, dont mon fils qui étudie en droit à l’Université d’Ottawa et ma fille qui est présenteme­nt au Cégep. Mes priorités et mes valeurs de vie sont ma conjointe, Annabel, et mes deux enfants.

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PHOTO D’ARCHIVES Yanick Jean prodigue quelques conseils à de jeunes joueurs.

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