Le Journal de Montreal

Sans médecin, il a failli perdre son permis

Au privé, on lui a proposé de payer de 350 $ à 500 $ pour un bilan médical

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Robert Germain s’est retrouvé devant un choix déchirant au cours des dernières semaines. Comme il n’a plus de médecin de famille, il s’est fait offrir de payer entre 350 $ et 500 $ pour un bilan de santé au privé ou renoncer à son permis de conduire.

« Les médecins, c’est devenu des commerçant­s, des hommes d’affaires. On a payé des impôts toute notre vie, ce n’est pas pour se faire vider les poches une fois à la retraite », déplore Robert Germain.

Lorsqu’il a reçu les documents de la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) pour son permis de conduire en février dernier, il a multiplié les appels dans les cliniques de médecine familiale.

« Pour moi, si je n’ai plus mon permis, c’est presque un suicide. Je me sers de mon véhicule pour mes déplacemen­ts », dit-il en énumérant ses rencontres quotidienn­es à la Place Longueuil avec ses amis ou encore ses commission­s à l’épicerie ou au Costco.

Son ami, Jos Morabito, a eu plus de chance. En appelant la clinique médicale qui l’a suivi pendant une quarantain­e d’années à Montréal, on lui a proposé de remplir les papiers de la SAAQ pour à peine 125 $.

Robert Germain a finalement pu faire remplir ses documents gratuiteme­nt par une infirmière clinicienn­e qu’il avait déjà consultée au sans rendez-vous, au lieu de devoir dépenser des centaines de dollars au privé.

Il y a trois ans, son médecin de famille a décidé de quitter le public pour pratiquer au privé. Opposé à l’idée de payer pour ses soins de santé, il s’est retrouvé « orphelin » de médecin.

Inscrit sur la liste d’attente depuis ce temps, il estime que les médecins sont réticents à prendre des patients plus âgés. « Moi, quand je rentre dans un bureau de médecin, je n’ai pas un seul problème, j’en ai quatre », illustre celui qui est en rémission d’un lymphome.

Dans les derniers mois, il aurait aussi voulu consulter pour des problèmes qu’il traîne aux bronches, mais en vain.

« ÇA ME STRESSE »

Sa pharmacien­ne lui a prescrit des prises de sang pour certains examens, mais c’est tout ce que le système de santé public peut lui offrir. L’octogénair­e appréhende l’avenir sans médecin de famille.

« C’est sûr que j’en prendrais un médecin de famille. Ça me stresse », dit-il.

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