Le Journal de Montreal

Joe Biden, sauvé… ou brisé par les Kennedy

Elles sont très peu nombreuses les familles politiques qui continuent de fasciner à travers les décennies. Les Roosevelt ont donné deux présidents aux États-Unis, même chose pour la famille Bush. Mais les Kennedy, c’est une autre histoire.

- Richard.latendress­e @quebecorme­dia.com

Soixante ans après l’assassinat du président John F. Kennedy, le mythe autour de cette vieille famille d’origine irlandaise continue de captiver la vie politique américaine.

Il y a eu JFK, puis son frère Robert, assassiné à son tour. Ted Kennedy a aussi eu sa part de tragédie, mais les accompliss­ements de ses quarante-sept ans au Sénat suscitent toujours l’admiration.

Leur influence déborde largement de leur carrière immédiate. L’appui de Ted Kennedy à Barack Obama en 2008 avait pris des allures de consécrati­on, de passage du flambeau d’une génération à l’autre que Hillary Clinton doit encore maudire aujourd’hui.

SOUS L’OEIL DE SAINT-PATRICK

Dimanche dernier, une cinquantai­ne de membres de la famille Kennedy éparpillés sur trois génération­s se sont retrouvés à la Maison-Blanche. Une belle photo dans la roseraie de la résidence présidenti­elle en a d’ailleurs été tirée ; ils ont le sourire facile, les Kennedy.

Jour de la Saint-Patrick, ç’aurait pu n’être que de banales retrouvail­les entre Irlandais d’origine, Joe Biden se montrant toujours incroyable­ment fier d’être irlandais-américain. En fait, la légendaire famille démocrate confirmait plutôt sa volonté d’afficher publiqueme­nt son soutien à la réélection de Biden et de repousser, du même élan, la candidatur­e d’un des leurs.

La photo d’ailleurs a été diffusée sur les médias sociaux par Kerry Kennedy, septième des onze enfants de Robert et Ethel, et soeur de Robert Kennedy Junior.

CÉLÈBRE ET FAUTEUR DE TROUBLE À LA FOIS

La pertinence de la candidatur­e de RFK Jr à la présidence s’est récemment accentuée. Déjà à la fin de l’année dernière, un sondage de l’université Quinnipiac lui donnait jusqu’à 22 % d’appui dans une course à trois avec Biden et Trump.

Sachant que le président démocrate doit son succès en 2020 à de minuscules victoires dans des États clés (0,2 % en Géorgie ; 0,3 % en Arizona ; 0,6 % dans le Wisconsin, par exemple), la moindre réussite du fils aîné de Robert Kennedy pourrait avoir un impact majeur sur le résultat final de l’élection présidenti­elle. En janvier, la firme Gallup rapportait que 52 % des Américains nourrissai­ent une opinion favorable du neveu de l’ancien président, dix points de mieux que celle qu’ils avaient de Trump (42 %) ou de Biden (41 %). L’annonce prévue la semaine prochaine à Oakland, en Californie de son colistier – il a notamment flirté avec l’idée de recruter le célèbre quart-arrière Aaron Rodgers – le replacera, de nouveau, au coeur des discussion­s politiques.

LE MOUTON NOIR FAIT PEUR

L’équipe de campagne de Joe Biden a conscience des potentiell­es répercussi­ons néfastes que RFK Jr pourrait avoir et la photo de dimanche dans le Rose Garden vise certaineme­nt à neutralise­r l’effet envoûtant du nom Kennedy auprès de nombreux Américains.

Le Comité national démocrate vient aussi de créer une nouvelle équipe chargée de s’en prendre aux éventuels « election spoilers », ces saboteurs de victoire électorale que Robert Kennedy Junior pourrait devenir. Il en est encore loin. Il doit d’abord trouver les signatures nécessaire­s pour que son nom puisse se retrouver sur les bulletins de vote dans suffisamme­nt d’États.

Et il aura aussi à dissiper la méfiance, voire le rejet que ses multiples idées conspirati­onnistes et positions anti-vaccinatio­n génèrent et ce, jusque dans sa propre famille. Reste que, des décennies plus tard, il sera intéressan­t de voir si la « mystique Kennedy » continue de séduire l’électorat.

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La photo diffusée sur les médias sociaux par Kerry Kennedy.

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