Les États-Unis et Israël en désaccord
Les Américains ne souhaitent pas une offensive terrestre
TEL-AVIV | (AFP) Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, se sont quittés hier sur un désaccord quant à l’opportunité d’une offensive terrestre d’envergure à Rafah.
M. Blinken a donné rendez-vous aux Israéliens pour la suite des négociations la semaine prochaine à Washington.
Au cours d’un entretien d’environ 40 minutes à Tel-Aviv, le chef du gouvernement israélien lui a fait savoir qu’il comptait bien mener une offensive à Rafah, « dernier bastion du Hamas » selon Israël, même si les États-Unis devaient ne pas le soutenir.
« J’ai dit que nous n’avions pas la possibilité de défaire le Hamas sans entrer dans Rafah et sans éliminer les bataillons qui y restent. Je lui ai dit que j’espérais le faire avec le soutien des États-Unis, mais s’il le faut, nous le ferons seuls », a dit M. Netanyahou dans une déclaration après cette rencontre.
Outre l’urgence d’accroître l’aide humanitaire au territoire palestinien assiégé et dévasté par la guerre, M. Blinken lui avait exprimé l’opposition américaine à cette opération terrestre, au cours d’une discussion qualifiée de « franche ».
« Nous partageons l’objectif d’Israël de défaire le Hamas et de se garantir une sécurité sur le long terme », a-t-il indiqué à la presse sur le tarmac de l’aéroport, avant de partir.
« Une opération militaire terrestre majeure à Rafah n’est pas le moyen d’y parvenir. Cela risque de tuer plus de civils… cela risque d’isoler Israël davantage dans le monde et de mettre en péril sa sécurité à long terme ».
VETO DE LA RUSSIE ET DE LA CHINE
Dans la grande ville du sud de Gaza s’entassent quelque 1,5 million de personnes, selon l’ONU, en grande majorité déplacées par la guerre déclenchée par l’attaque d’une ampleur sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.
Loin du soutien indéfectible des premiers mois et face à la situation humanitaire « effroyable » à Gaza, l’administration démocrate du président américain Joe Biden estime qu’Israël peut mener des opérations ciblées plutôt qu’une vaste offensive terrestre contre les derniers bastions du Hamas.
Washington, allié historique d’Israël, a présenté hier, en vain, devant le Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution mentionnant « la nécessité d’un cessezle-feu […] en lien avec la libération des otages » enlevés lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre et emmenés à Gaza.
Avec cette « résolution, qui a reçu un soutien très fort, mais qui ensuite s’est vu cyniquement imposer un veto par la Russie et la Chine, je pense que nous tentions de montrer de la part de la communauté internationale le sens de l’urgence qu’il y a à avoir un cessez-le-feu lié à la libération des otages, quelque chose que tout le monde, y compris les pays qui ont mis un veto, aurait dû soutenir », a dit M. Blinken à la presse.