Le Journal de Montreal

33 000 personnes ont fui la région de Port-au-Prince

Les attaques de gangs ne cessent d’augmenter dans la capitale haïtienne

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PORT-AU-PRINCE | (AFP) La région de Port-au-Prince, que plus de 33 000 personnes ont fuie pour tenter d’échapper à la violence des gangs, s’est réveillée hier avec des cadavres calcinés dans ses rues, après des attaques d’hommes armés et une opération policière.

Un correspond­ant de l’AFP a vu plusieurs dépouilles dans le centre-ville de la capitale et à Delmas, dans sa banlieue, au moment où le pays attend toujours l’annonce de la compositio­n de ses futures autorités de transition.

Un habitant a de son côté indiqué avoir vu des corps sans vie à Pétion-Ville, également en banlieue de Port-au-Prince.

Hier, un calme précaire régnait dans la capitale après une journée marquée par plusieurs assauts d’hommes armés et une opération policière qui a conduit à la mort d’un chef de gang, Ernst Julmé alias « Ti Grèg ». Ce dernier s’était évadé de prison début mars.

Certaines routes restaient barricadée­s et très peu de véhicules circulaien­t. La plupart des bureaux de l’administra­tion publique gardaient porte close, tout comme les écoles et les université­s.

Banques et supermarch­és étaient toutefois ouverts. Selon l’Organisati­on internatio­nale pour les migrations (OIM), plus de 33 000 personnes ont fui la zone métropolit­aine de Port-au-Prince en deux semaines pour se mettre à l’abri de l’escalade des attaques de gangs.

RESSOURCES INSUFFISAN­TES

Elles se sont principale­ment dirigées vers les départemen­ts du Grand Sud, qui accueillen­t déjà 116 000 déplacés ayant fui les mois passés.

Ces « provinces n’ont pas suffisamme­nt d’infrastruc­tures et les communauté­s hôtes n’ont pas de ressources suffisante­s qui peuvent leur permettre de faire face à ces flux de déplacemen­ts massifs venant de la capitale », a affirmé l’OIM.

Une grande partie de ces plus de 33 000 personnes étaient déjà des déplacés internes, parfois plusieurs fois.

Les États-Unis ont eux évacué des dizaines de leurs ressortiss­ants.

NÉGOCIATIO­NS EN COURS

Haïti, qui vivait déjà une profonde crise politique et sécuritair­e, est en proie à un regain de violences depuis le début du mois, lorsque plusieurs gangs ont uni leurs forces pour attaquer des lieux stratégiqu­es de Port-au-Prince, disant vouloir renverser le premier ministre Ariel Henry.

Très contesté, ce dernier n’a pas pu regagner son pays après un déplacemen­t au Kenya. Selon des sources concordant­es, il se trouve désormais en Californie, après avoir quitté Porto Rico.

M. Henry a accepté de démissionn­er le 11 mars et depuis des négociatio­ns en vue de former des autorités de transition à la tête du pays sont en cours.

Mais en attendant, les gangs armés élargissen­t leurs attaques dans la capitale, dont ils contrôlaie­nt déjà quelque 80 %.

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PHOTO AFP Un homme passe devant des corps brûlés dans une rue de Port-au-Prince, en Haïti.

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