Amazon fait appel de sa condamnation pour avoir surveillé ses employés
PARIS | (AFP) Amazon a annoncé hier faire appel de sa condamnation à une amende de 47 M$ en France, par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), pour un système de surveillance des salariés jugé « excessivement intrusif ».
« Nous sommes en profond désaccord avec les conclusions de la CNIL qui sont factuellement incorrectes et nous avons fait appel de cette décision devant le Conseil d’État », plus haute instance juridique administrative française, a déclaré Amazon dans un communiqué transmis à l’AFP.
La CNIL, gendarme français de la vie privée, n’a de son côté pas réagi.
L’amende infligée en janvier à Amazon France Logistique (AFL) équivaut à près de 3 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, un niveau « quasiment sans précédent », avait-elle à l’époque indiqué à l’AFP.
DONNÉES DE PRODUCTIVITÉ
À l’issue d’une procédure ouverte en 2019, la CNIL avait conclu qu’AFL avait mis en place « un système de surveillance de l’activité et des performances des salariés excessivement intrusif » au regard du règlement général sur la protection des données (RGPD).
Elle pointait notamment un recueil des données de productivité de manière massive via les scanneurs utilisés par les employés des entrepôts et des indicateurs.
Le premier, « stow machine gun », note lorsqu’un article est scanné « trop rapidement », en moins de 1,25 seconde. Le second, l’« idle time », signale une période d’inactivité de plus de dix minutes.
« L’utilisation de systèmes de gestion d’entrepôt est une pratique courante du secteur », se défend Amazon.
« NÉCESSAIRES »
Ces outils « sont nécessaires pour garantir la sécurité, la qualité et l’efficacité des opérations et pour assurer le suivi des stocks et le traitement des colis dans les délais et conformément aux attentes des clients », assure l’entreprise.
Pour la CNIL, ce système conduit potentiellement les salariés à devoir justifier de toute interruption de l’activité de leur scanneur, faisant « peser sur eux une pression continue ».
Amazon assure que le premier indicateur – qu’il va désactiver – vise à vérifier que chaque salarié inspecte correctement chaque article, et n’adopte pas des postures propres à compromettre sa sécurité et sa santé.
Quant au second – dont le seuil de déclenchement va passer à 30 minutes –, il sert, selon l’entreprise, à identifier une défaillance anormale.
En 2021, le chiffre d’affaires d’AFL s’élevait à 1,67 milliard de dollars, pour des profits de 87 M$.
Filiale du géant américain, Amazon France emploie plus de 20 000 salariés en CDI, dont une partie pour AFL, qui gère les grands entrepôts.