Le Journal de Montreal

LAURY MILETTE

- Luc Weil-Brenner

C’est un peu par hasard que Laury Milette a commencé à faire du cyclisme sur route à l’âge de 12 ans, sans se douter que ce sport allait bientôt prendre une si grande place dans sa vie. À la suite de sa participat­ion aux Championna­ts du monde juniors en 2019, la jeune cycliste a commencé à évoluer au sein d’une formation UCI franco-canadienne, avec laquelle elle a pu prendre de l’expérience en sol européen. Laury a ensuite intégré la formation profession­nelle française Komugi Grand-Est qui lui permet aujourd’hui de se mesurer aux meilleures coureuses internatio­nales. Son emploi du temps pour le moins chargé et ses déplacemen­ts constants n’ont pas empêché l’étudiante-athlète de bien performer sur le plan scolaire et d’avoir des projets plein la tête pour son avenir profession­nel !

Collaborat­ion spéciale

Quelles sont les aptitudes requises pour la pratique du cyclisme sur route ?

Comme c’est un sport relativeme­nt peu développé en Amérique du Nord, faire le voyage jusqu’en Europe s’avère nécessaire dès les années juniors pour prendre de l’expérience et espérer se faire remarquer par une équipe. L’autonomie et la débrouilla­rdise deviennent alors indispensa­bles et on prend rapidement de la maturité. Il faut aussi une grande capacité d’adaptation afin de pouvoir vivre à l’étranger tout en performant sur le vélo. Sur le plan purement sportif, le cyclisme sur route est non seulement extrêmemen­t exigeant physiqueme­nt, mais il touche aussi à des aspects tactiques, techniques et psychologi­ques qui se peaufinent sur plusieurs années.

Quel a été ton moment le plus mémorable en compétitio­n ?

Courir au Tour de Gatineau. C’était une expérience unique de participer à un événement internatio­nal dans ma ville natale. Énormément de gens sont venus nous encourager, dont ma famille et mes amis, et j’entendais mon nom partout sur le parcours ! Je me suis montrée offensive tout au long de la course et c’était une belle performanc­e en bout de ligne avec un top 5. J’ai bien hâte de tenter ma chance pour la victoire encore une fois cette année.

Quel est le coût annuel moyen pour pratiquer ton sport à l’étranger ?

Environ 20 000 $ en incluant les billets d’avion, le loyer, l’épicerie, les frais de coaching, la nutrition sportive, les soins de santé (physiothér­apie, massages, etc.) et les frais de déplacemen­t lors des courses (essence, train, avion, etc.). Je reçois de l’aide financière de l’équipe, ce qui diminue un peu la charge, sans quoi vivre ailleurs pour pratiquer mon sport serait un fardeau trop important. Je travaille aussi dans un magasin de vélos l’automne, lorsque je suis au Canada, pour répondre financière­ment à mes besoins.

Quels ont été tes plus grands défis sur le plan sportif ?

J’ai trouvé vraiment difficile, ces deux dernières années, d’être loin de ma famille et de mon copain pour de longues périodes, surtout lorsque les compétitio­ns allaient un peu moins bien. Les équipes cyclistes mettent souvent une maison commune à la dispositio­n des coureuses étrangères, mais c’est difficile de s’y sentir réellement chez soi. C’est un mode de vie qui représente un défi de taille lorsqu’on se retrouve dans un autre pays, une autre culture et une nouvelle équipe plus de six mois par année. J’ai pris la décision cette année de m’établir en France et de louer mon propre appartemen­t avec mon copain qui est aussi cycliste, dans une ville qui nous plaît et où l’on pourra se sentir à la maison.

Quels sont tes objectifs profession­nels ?

Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours voulu être vétérinair­e. J’ai donc commencé très jeune à consacrer beaucoup d’efforts à mes études. Le vélo est ensuite arrivé dans ma vie et j’ai adapté mon parcours scolaire pour pouvoir poursuivre une carrière sportive. J’ai alors découvert des domaines complèteme­nt différents de la science qui m’intéressen­t tout autant, tels que le design et l’art graphique. Pour le moment, je désire aller à l’université et compléter un baccalauré­at en biologie, tout en poursuivan­t mon rêve d’être coureuse de niveau World Tour.

As-tu d’autres projets qui te permettrai­ent de conjuguer sport et carrière ?

J’aspire à m’épanouir pleinement en tant qu’athlète en développan­t mon propre branding. C’est pourquoi j’ai également suivi des cours de marketing et d’entreprene­uriat spécialisé­s dans le sport, grâce auxquels j’ai moi-même créé mon propre site web où je partage à ma communauté mon quotidien, mon calendrier de courses, des photos et plus encore. J’aimerais éventuelle­ment offrir plus de services, faire grandir ma microentre­prise et échanger avec de plus en plus de gens passionnés de près ou de loin par le sport.

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