Après Mulroney, le retour aux deux solitudes
Dans la foulée de l’échec référendaire de 1980 et du drame du rapatriement de la constitution sans l’accord du Québec, il fallait beaucoup d’audace pour se donner la mission de réconcilier les deux nations.
Brian Mulroney possédait néanmoins les qualités nécessaires pour que l’on croie en ses chances de réussite.
Il y avait la noblesse de ses convictions, ce mélange de hauteur et de proximité avec les citoyens, en plus du charisme qu’il faut pour déverrouiller les serrures figées par les rancoeurs et la méfiance.
Les Québécois pouvaient reconnaître en lui un véritable ambassadeur soucieux de les représenter dans leurs profondes aspirations, à l’opposé d’un précédent premier ministre fédéral qui cherchait à les faire taire.
Au Canada anglais, malgré une certaine méfiance, il parvenait à se présenter comme un prince animé de bonnes intentions.
Sa croisade visait à éviter la mise à l’écart perpétuel d’un des deux peuples fondateurs, ce qui pouvait être compris dans l’ensemble du pays.
MAIN TENDUE
Il a tendu la main.
Pendant un moment de notre histoire, un optimisme prudent reposait sur le fait que l’espoir de réconciliation était porté par l’un des nôtres.
À son arrivée au pouvoir à Ottawa, plusieurs ont compris que les choses avaient changé lorsqu’il a reconnu la légitimité de rapports directs entre le Québec et la France.
Comme si le premier pas sur le chemin était de permettre un rapprochement entre le Québec et sa mère patrie.
CONDITIONS MINIMALES
Les conditions exigées par le Québec pour réintégrer la Confédération « dans l’honneur et l’enthousiasme » constituaient un seuil.
Les tentatives pour les diluer, puis leur rejet ont laissé une autre cicatrice dans notre parcours historique.
Il aurait fallu se faire petit et courber l’échine pour passer dans la porte que le reste du Canada avait dessinée pour nous.
Malgré l’échec, M. Mulroney pouvait marcher la tête haute, parce que personne n’en a fait autant pour améliorer la place du Québec au sein de la fédération.
Depuis cette ultime tentative de rapprochement, nous avons assisté à un retour à la vie parallèle de deux nations dont les routes ne se croisent pas.
Québécois, Canadiens, replongés profondément dans les deux solitudes.