Le temps d’écran nocif pour les apprentissages
Un enfant de trois ans qui passe plusieurs heures par jour devant un écran risque davantage de présenter des retards de développement à son entrée à l’école, ce qui pourrait éventuellement avoir des impacts pour le reste de sa vie.
C’est ce que démontre une étude québécoise publiée récemment dans la revue scientifique Journal of Developmental and Behavioral Pediatrics, qui permet de démontrer que le temps d’écran peut être nocif pour le développement des tout-petits.
L’étude a été réalisée auprès de 315 parents d’enfants âgés de trois ans qui ont accepté de documenter le temps passé par leur petit devant un écran, que ce soit celui d’une télévision, d’une tablette, d’un téléphone intelligent, d’un ordinateur ou encore d’une console de jeux vidéo.
Parmi ces enfants, 15 % d’entre eux avaient consacré moins d’une heure par jour aux écrans, 53 % entre une et quatre heures et 32 %, plus de quatre heures.
DÉVELOPPEMENT GLOBAL
Les chercheuses ont par la suite vérifié si l’appartenance à l’un de ces groupes avait un impact sur le « développement global » des enfants, un concept large « qui englobe tout ce qu’un enfant doit avoir pour faire une entrée à la maternelle réussie », explique Marie-Andrée Binet, autrice principale de cette étude réalisée sous la supervision de la professeure Caroline Fitzpatrick.
Les habiletés physiques, sociales et langagières des enfants ont notamment été prises en compte, tout comme celles impliquant la résolution de problèmes.
Résultat : 25 % des enfants qui avaient passé plus de quatre heures par jour devant un écran présentaient un risque de retard dans leur développement global à leur entrée à l’école, comparativement à 12 % pour ceux qui y avaient consacré de 1 à 4 heures par jour et à 7 % pour les autres.
« C’est une proportion significative, surtout lorsqu’on sait que le développement global des enfants est influencé par plusieurs autres facteurs, dont le temps d’écran. De voir une proportion comme celle-là, on trouve ça inquiétant », affirme Mme Binet, qui est étudiante au doctorat à l’Université de Sherbrooke.
AUTRES VARIABLES
Pour en arriver à ces conclusions, l’équipe de recherche a pris en compte d’autres variables qui peuvent avoir un impact sur le développement de l’enfant, afin d’isoler le plus possible les effets reliés spécifiquement au temps d’écran chez les tout-petits.
« Le développement en petite enfance va avoir beaucoup d’influence sur ce qui se passe pour le reste de la vie, comme la réussite scolaire et les relations sociales », précise-t-elle.
Dans le cadre de cette étude, le temps d’écran des enfants a été évalué au printemps 2020 et 2021.