Système de santé : l’effondrement
J’ai un ami qui n’a pas de médecin de famille.
Ça fait des années qu’il est sur une liste d’attente, mais en vain.
Comme de nombreux Québécois, quand il a besoin de voir un médecin, il ouvre son portefeuille, sort 500 $ et va au privé.
Oh, en passant, mon ami est médecin.
Dans le système public.
LA SANTÉ EST UNE MARCHANDISE
Avant de lire le dossier que Le Journal a consacré aux effets épouvantables du manque criant d’omnipraticiens au Québec, je croyais que le système était sur le point de s’effondrer. Or, j’étais dans le champ. Il n’est pas sur le point de s’effondrer.
Il s’est effondré.
Plus de deux millions de Québécois n’ont pas de médecin de famille. Personne ne fait un suivi sur leur état de santé. Pas d’examen annuel, pas de visite de routine, rien.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment avons-nous pu laisser le système se dégrader à ce point ?
Avec tout l’argent que nous envoyons à l’État ?
Toute ta vie, tu finances un système que tu n’utilises pas, car tu es en bonne santé. Et quand tu vieillis et que tu as besoin de services, tu dois payer de nouveau pour aller au privé, car le système pour lequel tu as payé pendant 40 ans n’est pas en mesure de te prendre en charge !
Nous subventionnons avec nos impôts les études de futurs médecins qui, lorsqu’ils obtiennent leur diplôme, vont pratiquer directement au privé pour faire plus d’argent !
Québec solidaire a parfaitement raison : les soins de santé sont devenus un produit, une marchandise, que seuls les gens fortunés peuvent acheter.
On s’achemine vers un système de santé à deux vitesses ? Mais voyons, les amis, on ne s’achemine pas, on est dedans ! Jusqu’aux dents !
TOUT ÇA ÉTAIT PRÉVISIBLE
Je l’ai écrit à de nombreuses reprises et je vais continuer de le faire : s’il y a quelque chose qu’on peut prévoir, dans ce monde de plus en plus changeant, de plus en plus imprévisible, ce sont les changements démographiques.
Actuellement, on peut savoir combien il y aura de travailleurs dans 50 ans au Québec. Et de jeunes. Et de personnes âgées.
Il y a des spécialistes qui font ça comme métier.
Les écoute-t-on ? Les lit-on ? On savait que la population québécoise vieillissait à la vitesse grand V, que la pyramide d’âges allait s’inverser et que le tsunami de retraites, d’Alzheimer et de bobos de toutes sortes allait frapper notre système de santé de plein fouet.
Ça fait des années que les démographes et les actuaires le répètent.
On a fait quoi pendant que la vague s’approchait ? On a permis à des milliers d’infirmières de prendre une retraite hâtive !
À l’été 1997, six mois après le lancement du programme de mise à la retraite, 37 000 employés, dont 4000 infirmières avaient quitté leur emploi.
On a fermé des hôpitaux et fait disparaître des milliers de lits !
On a tout essayé : le virage ambulatoire, la méthode Toyota, les GMF, les CSSS, l’hypercentralisation, alouette.
Résultat : le système est toujours aussi malade.
Peut-on obliger nos ministres et nos gouvernements à tenir compte de la démographie lorsqu’ils lancent des programmes ?